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CHAPITRE TROISIÈME


Traité d’Utrecht. — Cession de l’Acadie. — Clauses du Traité et Lettre de la reine Anne. — Retour de Nicholson. — De la Ronde et de Pensens à Port-Royal avec mission d’écarter les obstacles que l’on mettait au départ des Acadiens. — Il en est référé à la reine. — Subterfuges des autorités locales. — Caractère de Nicholson et de Vetch. — Archives de la Nouvelle-Écosse. — Procédés malhonnêtes de leur compilateur.


La guerre entre la France et l’Angleterre s’étant enfin terminée, un traité de paix fut signé à Utrecht, le 11 avril 1713, (31 mars, vieux style,) par lequel l’Acadie fut définitivement cédée à l’Angleterre[1]. Aucune clause de ce traité ne définissait l’étendue et les limites précises du pays que la France abandonnait. Une commission, nommée par les

  1. L’ouverture du congrès d’Utrecht eut lieu le 29 janvier 1712. Louis XIV y avait envoyé comme plénipotentiaires le maréchal d’Huxelles, l’abbé de Polignac et Mesnager. Strafford, et le docteur Robinson, évêque de Bristol, représentaient l’Angleterre ; Buys, van der Dussen et cinq autres députés, les États Généraux. Les conférences furent suspendues au début d’avril 1712. Malgré la rupture des conférences la conversation continua entre Anglais et Français. En novembre 1712, les plénipotentiaires français et hollandais reprirent les conférences en présence des représentants de l’Angleterre. En ce qui concerne les territoires américains, Louis XIV avait promis à la Grande-Bretagne la restitution de la baie d’Hudson, la cession de Terreneuve et de l’Acadie, c’est-à-dire des avant-postes du Canada-Français. Mais les Anglais désiraient se faire donner encore des îlots voisins de la Grande Île, restreindre la pêche française sur la côte du « Petit-Nord » de Terreneuve, partager avec la France l’île du Cap-Breton. Sur tous ces points, les Français marchandèrent, chicanèrent, se conduisirent, dit Bolingbroke « comme des claincaliers ou même comme de véritables procureurs ». Bolingbroke comprit que,