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ne l’a jamais si bien entendue et pratiquée que de nos jours[1].

C’est d’abord la langue et le style de l’auteur, que nous avons retouchés, et en quelque sorte refondus. Un ami intime d’Édouard Richard nous écrivait que ce dernier avait voulu faire reviser son ouvrage, parce qu’il « était inquiet de son français. » Inquiet, il avait en effet de quoi l’être ; et à cet égard, son manuscrit présente des imperfections de diverse nature. Il y a d’abord un fourmillement d’anglicismes, anglicismes de mots et anglicismes d’expressions. Que l’on me permette d’en donner un ou deux exemples : pour munitions, il y aura ammunitions, qui n’est pas un mot de notre langue. Et je prends au hasard telle de ses expressions directement tirée de l’anglais, et où les mots sont français sans doute, mais la phrase ne l’est pas. À la page 21 du manuscrit, dans la Préface, on lit : « nous avons approché la question avec toute l’impartialité que nous pouvions commander. » Aussi, l’éminent traducteur n’a-t-il eu qu’à mettre des mots anglais à la place des mots français pour faire une phrase qui fut parfaitement anglaise : « addressing myself to the subject with all the impartiality at my command, » lisons-nous, à la page 16 de l’édition anglaise, pre-

  1. Cf. les belles considérations de M. Gabriel Hanotaux, de l’Histoire et des Historiens, l’Histoire est un art, l’Histoire est une science. (Revue des Deux-Mondes du 15 septembre 1913, p. 306 et seq.).