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férée à la reine Anne ; et que le serment qu’on voulait faire prêter aux habitants n’avait pas lieu d’être tant que la couronne ne se serait pas prononcée en la matière. La publication de ces diverses pièces suffisamment significatives eut servi à guider tout homme impartial ; là était la clef qui eût permis de résoudre, dans un sens favorable aux Acadiens, des problèmes inquiétants. Aussi Akins s’est bien gardé de les produire aux regards.

Ainsi, nous avons là la confirmation de ce que nous avons avancé plus haut. Ces documents renversent l’insinuation vague de Caulfield, qui dans sa lettre du 3 mai 1715 au Secrétaire d’Etat, écrivait : « Vous verrez, (par le rapport ci-inclus de MM. Button et Capoon) que les habitants de ce pays, pour la plupart français, ont refusé de prêter serment, et, comme on m’en a informé, se sont entièrement opposés à quitter la province pour aller s’établir en territoire soumis au gouvernement français[1]. » Caulfield donne à entendre par là qu’il a, par ses émissaires, mis les Acadiens en demeure de prêter le serment d’allégeance ou de s’en aller : mais ses instructions à Capoon et Button ne font rien voir de tel ; les réponses des habitants contredisent cette assertion ; et une lettre de ce même Caulfield au Bureau du commerce et des plantations, montre que ce gouverneur envisageait le départ des Acadiens comme une calamité : in case ye french quit us, we shall never be able to maintaine or protect our English famïly’s from ye insults of ye Indians[2] … Il est donc ridicule de supposer que Caulfield

  1. Nova Scotia Doc. Letter Gov. Caulfield to Secretary of State. Govrs Lett. Book. p. 7-8.
  2. Nova Scotia Doc. Letter Govr. Caulfield to Board of Trade and Plantations. Annapolis Royal, Nov. lst 1715, p. 8 et seq. Toute cette lettre expose les