Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/199

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serment de ne prendre les armes ni contre Sa Majesté Britannique, ni contre la France, ni contre aucun de leurs sujets ou alliés[1]. »

Jusque-là, les Acadiens avaient refusé de prêter tout serment : leur vœu était de s’en aller, et ils avaient attendu qu’on leur en donnât les facilités. De ce moment, ils se déclarèrent disposés à accepter ce serment, pourvu qu’on y fît entrer une clause les exemptant de prendre les armes contre les Français et contre les sauvages, leurs alliés.

La situation n’offre aucune difficulté : il fallait, ou les laisser partir avec leurs effets et leurs bestiaux, conformément au traité de paix et à la lettre de la Reine, il fallait faire cesser les obstacles qui s’opposaient à leur transmigration et leur accorder les moyens nécessaires à cette fin, ou alors accepter les conditions qu’ils mettaient à leur séjour dans le pays. Nous comprenons qu’il n’était guère agréable aux Anglais de se laisser imposer des conditions par de pauvres paysans. Mais force leur était ou de subir ce désagrément, ou d’en passer par les inconvénients que le départ des Acadiens entraînerait : il n’y avait pas d’autre issue possible, si du moins la justice doit présider aux rapports des petits avec les grands, des forts avec les faibles. Et certes les conditions que posaient les Acadiens avaient une particulière gravité. Le seul ennemi que l’Angleterre pouvait avoir à redouter en ces lieux était la France. Et donc, s’ils n’avaient pas demandé qu’on insérât dans la formule de serment la clause en question, ils pouvaient se voir obligés, un jour ou l’autre, de prendre les armes contre leurs compatriotes, et qui plus est, contre leurs frères, leurs parents, résidant au

  1. Nova Scotia Doc., by Akins, pp. 15-16. Copy of the above Déclaration (du lieut. gouverneur Doucett) sent to the Secretary of State.