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cas où l’on jugerait à propos de les garder là où ils sont maintenant… »

Vos amis affectueux et humbles serviteurs,

Westmoreland
T. Pelham
M. Bladen
Edw. Ashe[1].


À cette lecture, comme un manteau de plomb s’abat sur nos épaules, l’air respirable nous manque tout à coup. L’on est suffoqué ; un frisson nous saisit. C’est que le sinistre projet de la déportation des Acadiens vient d’éclore. Le sens exact du document que nous venons de citer est celui-ci :

« Mon cher Philipps,

« Je vois que vous ne venez pas à bout de vos Acadiens, comme vous l’espériez avant votre départ. Il est tout de même singulier que ces gens aient préféré perdre leurs biens plutôt que de s’exposer à combattre leurs frères. C’est là une enfantine sentimentalité. Ces Acadiens sont évidemment trop attachés à leurs compatriotes et à leur religion pour que nous en fassions jamais de bons anglais. Nous avouons que votre position à leur égard était critique ; il était difficile de les empêcher de partir, après leur avoir laissé le marché en mains. Néanmoins, vous avez bien fait d’en agir ainsi, c’était le seul moyen de vous en tirer. Au diable le traité ! Vous n’avez pas plus à vous occuper de la question de droit et de justice que Nicholson n’a fait. Ce n’est pas une semblable préoccupation qui avancerait nos

  1. Nova Scotia Archives. Board of Trade to Governor Philipps, p. 58.