Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/232

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meau, est une merveille dans son genre : il est vraiment regrettable que certains auteurs modernes, grands amateurs de documents, et qui cherchent aujourd’hui à justifier la proscription des Acadiens, ne l’aient point reproduite. Elle

    bas du commentaire, quand cette signature ne figure pas dans l’original ? Est-il équitable de prêter cette lettre à Craggs ? L’on peut supposer qu’il n’y a pas été étranger. Mais rien ne prouve qu’il en a été l’auteur. Officiellement, elle est l’œuvre de quatre membres de la Chambre de Commerce. À cet endroit de son manuscrit, l’auteur d’Acadie verse dans une erreur assez lourde, qui a passé, telle quelle, dans la traduction anglaise (p. 125.) Il s’agit précisément de James Craggs, l’un des principaux secrétaires d’État de Sa Majesté, auquel il impute l’idée première de la déportation des Acadiens, et Richard dit que « ce monsieur commença par être barbier, puis fut fournisseur de vêtements pour l’armée, et qu’à ce dernier titre il se livra à des manœuvres louches, qui donnèrent lieu à une enquête dont le résultat fut son incarcération dans la Tour de Londres. » — Il y a ici confusion : c’est à James Craggs, père, qui d’ailleurs ne fut jamais secrétaire d’État, qu’arriva cette aventure, suivie d’une autre plus retentissante, la South Sea Bubble. L’immense fortune qu’il avait amassée était si loin d’avoir des origines intègres qu’après sa mort, arrivée le 16 mars 1721, peut-être par suicide, un acte du Parlement confisqua toutes les propriétés qu’il avait acquises depuis décembre 1719. — Quant à James Craggs, fils, le seul dont nous ayons à nous occuper, il semble que sa carrière ait été plutôt honorable. Né à Westminster le 9 avril 1686, il puisa sa première instruction à l’école de Chelsea et partit bientôt pour le continent, il séjourna à la cour de Hanovre et à celle de Turin. C’est à la cour de Hanovre qu’il résida le plus longtemps ; grâce à l’influence de la comtesse de Platen, il y gagna la faveur de l’électeur, qui devint dans la suite Georges I. Il fut plus tard nommé résident auprès du Roi d’Espagne, à Barcelone. Au commencement de la campagne de 1709, Craggs se trouvait dans les Flandres. Le 13 avril 1717, il était nommé ministre de la guerre, en remplacement de William Pulteney. Il succéda à Addison comme l’un des principaux secrétaires d’État, chargé du département du sud, et ce même jour, 16 mars 1718, prêta serment comme membre du Conseil Privé. Malheureusement pour sa réputation, Craggs fut impliqué dans les affaires de la South Sea Company, mais pas aussi profondément que son père. Il y a cependant peu de preuves directes contre lui dans les sept rapports du Comité Secret. Craggs mourut de la petite vérole le 16 février 1721, dans la 35e année de son âge, avant qu’il pût se disculper des attaques faites contre lui en plein parlement, par Shippers, le 4 janvier de cette même année. Il était bel homme, bon orateur, et très populaire. Son corps repose à Westminster. Son ami Pope lui composa une épitaphe restée célèbre.