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qui avaient motivé cette iniquité. Tout ce qui ne tendait pas à cette démonstration, et surtout les pièces qui étaient de nature à l’infirmer, étaient regardées par lui comme non avenues. Cela est si vrai, que, jusqu’à la fondation de Halifax, son ouvrage ne renferme rien qui n’ait rapport aux Acadiens ou à leurs prêtres. Dans les lettres qu’il produit, il a eu soin de retrancher systématiquement, soit les parties qui ne les concernaient pas, soit les passages qui étaient défavorables au gouverneur ou à quelque autre officier important. Peu lui importait que ces documents ainsi tronqués prissent un tout autre sens que celui qu’ils avaient dans le contexte ! L’on sait que, par d’habiles suppressions opérées dans un écrit, l’on peut lui faire dire tout le contraire de sa pensée véritable.


Donc, durant ces trois années, 1722 à 1725, les Acadiens, conformément aux ordres de Philipps, avaient été pratiquement laissés à eux-mêmes. Et le compilateur n’a sans doute rien emprunté à la correspondance échangée entre Doucett et les Lords du commerce que par ce qu’il n’y trouvait rien qui pût servir ses fins. Car il est certain qu’il y a eu correspondance. Le lieutenant-gouverneur a correspondu régulièrement avec les Lords du commerce et avec son chef hiérarchique, Philipps. En calculant qu’il ait envoyé, au bas mot, quatre dépêches par année aux Lords, et autant au gouverneur, cela ferait, avec les réponses, la somme respectable de quarante-huit documents, dont quelques-uns, s’il est vrai qu’ils ne contenaient rien pour ou contre les Acadiens, pouvaient au moins être utiles à l’histoire générale de la Province. À ce titre, ils entraient dans le plan qu’avait eu en vue la Législature de la Nouvelle-Écosse en commandant ce travail de compilation. Mais il était décrété