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Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/247

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derniers concernant la conduite de cet officier envers eux[1]. »

L’on ne pouvait guère attendre d’un pareil personnage, investi d’un pouvoir en quelque sorte absolu sur toute la Province, autre chose que des vexations. Aussi elles ne manquèrent pas. Armstrong eut l’art de se créer d’incessantes difficultés : il en eut avec tout le monde, avec les prêtres, et avec ses officiers, ses soldats, chaque membre de son conseil, plus encore qu’avec les Acadiens. Le volume des Archives, cela va de soi, ne nous renseigne que sur ses démêlés avec les Acadiens et leurs prêtres. En vertu de la méthode chère à Akins, il fallait éliminer de cette compilation tout ce qui pouvait discréditer ce lieutenant-gouverneur, et affaiblir la portée de ses affirmations à propos de ses administrés français. Il est heureux, tout de même, que les sauvages eussent cessé leurs hostilités avant son arrivée à Annapolis, sans quoi il est probable qu’il eût plongé à tout jamais la Province dans un véritable abîme.

Armstrong parût d’abord vouloir faire de Canso le siège de son gouvernement ; il y réunit un nombre suffisant de ses conseillers ; mais l’année suivante il se fixa à Annapolis. Sa nomination avait alarmé les Acadiens, et certes à bon droit. Il avait en effet à peine mis le pied à terre à Canso qu’il montra qu’il le prenait de très haut avec ses sujets, en sorte que ceux-ci auraient pu lui appliquer la parole de David à Goliath : « Tu viens à nous avec l’épée, la lance et le jave-

  1. « I must own’ tis with ye greatest reluctancy immaginable that I am obliged to acquaint your Lopps. of ye frequent misbehaviour of Capt. Armstrong of this Garrison towards several inhabitants here and by my next shall transmit your Lopps. the several complaints in behalf of ye said inhabitants. »

    Nova Scotia Doc. Let. govr Caulfield to Board of Trade and Plantations, Annapolis Royal, Nov. 1st 1715, p. 10.