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semble qu’elle me sépare d’eux, tandis que la pensée et le plus souvent la langue elle-même m’en rapprochent. Ce sont des amis avec lesquels on m’empêche de converser à mon aise. D’ailleurs, suivant le système des orthographes diverses, il faudra que les enfants dans nos écoles apprennent plusieurs sortes de français, comme aussi les élèves de nos lycées plusieurs sortes de latin. Mais si on revient à l’orthographe, pourquoi ne reviendrait-on pas aussi, quand on lit à voix haute, à la prononciation du temps, qui paraîtrait, il faut en convenir, fort étrange ? » — Ernest Havet avait une façon de voir là-dessus qui est plausible, mais qu’il est permis de ne pas partager. Il écrivait voici trente ou quarante ans. D’autres idées ont prévalu depuis, dont il a eu, du reste, comme l’intuition : « Le contraire (conserver l’orthographe du temps) ne tardera peut-être pas à devenir une obligation pour les éditeurs des classiques, et cette exigence tient à un goût d’exactitude et de vérité, qui est certainement très respectable[1]. » Et voilà qui nous met d’accord. En donnant les vieux textes tels quels, nous avons cédé à un goût d’exactitude et de vérité qui est très respectable, et qui règne d’ailleurs sans conteste dans l’école historique d’aujourd’hui. Rien n’est moins « moderne » assurément que de « moderniser » la phraséologie des vieux parchemins.

Nous ne nous sommes pas contenté de signaler le lieu

  1. Les Provinciales de Pascal, nouvelle édition, avec une Introduction et des Remarques, par Ernest Havet. Page 6 de l’Avertissement. (Paris, Libr. Charles Delagrave. 1887. Deuxième édition).