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strateurs, — tout cela favorisé par les circonstances et grandi par contraste avec Armstrong. Forcé de s’en retourner en Angleterre pour régler les affaires de son régiment, le gouverneur Philipps fut de nouveau remplacé par Armstrong. Au moment de son départ, il écrit au duc de Newcastle : « Il est très important pour moi, qu’en remettant l’administration aux mains d’Armstrong, tout soit en parfait ordre, rien ne cloche nulle part, car ce monsieur ne se gêne pas pour tâcher de me trouver en faute et de me salir de boue. C’est un ingrat[1]. »

Philipps était à peine reparti que les difficultés recommençaient comme de plus belle entre Armstrong d’un côté, Winniett et Cosby de l’autre. Cosby ne voulait plus siéger comme membre du conseil, et le Bureau en était réduit à quatre conseillers. Par deux fois dans l’automne de 1732, Armstrong se plaignit de ces deux messieurs dans ses lettres aux Lords du commerce. Vers le même temps il voulut établir un fort aux Mines, mais il en fut empêché par les sauvages. En somme, sur tous les terrains, ce n’étaient qu’échecs et misères, déceptions de toute nature, si bien que le pauvre homme, n’y tenant plus, se suicida le 6 décembre 1739. Moins d’un mois avant cet acte de désespoir et de lâcheté, le 14 novembre, Armstrong avait fait son testament en bonne et due forme. Mais tous ses biens furent saisis aux mains de ses exécuteurs, en garantie des rentes et des droits gouvernementaux, qu’il avait perçus depuis plusieurs an-

  1. Nous donnons le sens de ses paroles. Le texte exact est celui-ci : « It imports me much to be very careful in delivering up the government to lieut.-governor Armstrong with the greatest exactness, who is tuming up every stone, and raking into every kennel, to find some dirt to bespatter me with, in hopes that some may stick. » — B. Murdoch, ch. LII, p. 471.