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Canada avaient la quasi-certitude que les Acadiens allaient saisir l’occasion, qui s’offrirait bientôt à eux, de secouer la domination anglaise. La suite des événements fera voir pourtant que les craintes de Mascarène, aussi bien que les espérances des Français, étaient sans fondement réel.

Si ce gouverneur n’avait pas eu le temps d’affermir la loyauté des Acadiens en leur faisant aimer leurs maîtres, cette loyauté n’en reposait pas moins sur des motifs d’intérêt, et surtout sur le respect dû au serment qu’ils avaient prêté. En 1748, quand la guerre dont nous parlons sera terminée, Mascarène dira des Acadiens : « Aux Français qui les pressaient de prendre les armes, ils opposaient leur serment, la vie commode qui leur était faite sous le gouvernement anglais, l’absence de griefs contre lui[1]. » Voilà ce qu’avaient produit quatre années d’une administration juste et conciliante.

De 1744 à 1748, l’Acadie fut envahie à quatre reprises par les Français ; Annapolis fut assiégée trois fois. Mais, chaque fois, les assiégeants durent se retirer sans avoir obtenu le concours des Acadiens, sur qui ils avaient compté et pour qui ils avaient apporté des armes. Tout fut mis en œuvre pour vaincre la résistance de ces compatriotes. Des cajoleries l’on passa aux menaces, et des menaces aux voies de faits, sans parvenir jamais à ébranler leur détermination. Et cela est vrai aussi bien des habitants de Beaubassin que de ceux de Grand-Pré et d’Annapolis. Il fallait que le désappointement des Français fut extrême, pour avoir recours à des moyens bien propres à affaiblir la sympathie fraternelle que les Acadiens conservaient naturellement à

  1. Akins. Extract from a letter of Gov. Mascarene to Governor Shirley. April 1748. — Page 159 de la compilation.