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fermeté dans laquelle entrait une sorte d’entêtement. La suite du récit va nous faire voir jusqu’où pouvait aller cet esprit de détermination. Ici, nous laisserons de côté les documents que nous possédons pour citer Parkman lui-même, qui, chose digne de remarque, les résume avec assez de fidélité dans son ouvrage : A Half-Century of Conflict.

« À la nouvelle qu’une force anglaise s’approchait, de Ramesay (qui était à Grand-Pré) avait tâché de persuader aux Acadiens qu’ils allaient sûrement être chassés de leurs maisons, et que leur seul espoir de salut était de se joindre à lui pour repousser la force par la force ; mais les habitants comptaient sur les promesses de protection que Shirley leur avait faites récemment[1], et ils lui répondirent qu’ils ne voulaient pas manquer à leur serment de fidélité au roi Georges. Sur ce, Ramesay retraita sur Chignectou, et le colonel Noble et ses hommes occupèrent Grand-Pré sans coup férir[2]. »

Ce fut quelques mois après, en février 1747, qu’eut lieu le mémorable combat de Grand-Pré, dont nous avons déjà dit un mot dans notre chapitre précédent. Surprises pendant la nuit par les Français à la tête desquels était Coulon de Villiers, les troupes anglaises, qui étaient cantonnées dans ce village, durent capituler, après avoir perdu, suivant les rapports français, cent quarante officiers et soldats, parmi lesquels le colonel Noble et son frère, les lieutenants

  1. Richard met ici en note : « Parkman ne peut faire allusion ici qu’à la première lettre de Shirley aux Acadiens, septembre 1746, non à sa proclamation, puisque Grand-Pré fut occupé par le colonel Noble dans l’automne de 1746, et que la proclamation est d’octobre 1747. » Nous croyons plutôt que la dite proclamation est d’août 1747. Cf. A. C. aug. 18, 1747. Shirley to Newcastle… « Will issue a Proclamation to settle the mind of the Acadians… »
  2. Vol. ii, ch. xxii, p. 182-3.