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dités ditez dont ils jouissent pour venir assurer leur religion et celle de leurs enfans.

Les démarches qu’ils ont fait et les dispositions où ils sont actuellement n’ont rien d’équivoque puisque les plus aisez ont fait depuis l’année dernière des bastiments pour transporter leurs familles, et n’attendent pour l’exécuter que les agrez qu’ils ont demandé avec tant d’instance et qu’on leur a promis d’une manière si positive ; il se trouve actuellement dix bastiments de vingt jusqu’à cinquante tonneaux tous en estât, tant au Port Royal qu’aux Mines.

Nous sçavons, outre cela, qu’un grand nombre d’habitants, particulièrement aux Mines, sur les assurances qu’on leur avait donné de les retirer dès le printemps, n’ont point ensemencé leurs terres dans l’appréhension que l’idée d’une récolte ne fût pour eux un obstacle à leur transmigration ou tout au moins un sujet de la différer.

Les lettres des Missionnaires nous sont des garanty de cette vérité, les instances réitérées qu’ils font pour avoir les vaisseaux que le Roy a destiné à ce transport, incessament, et l’impatience qu’ils nous marquent que ces peuples ont de sortir nous en sont des preuves incontestables.

Monsieur de Pensens, actuellement Commandant au Port Thoulouze a veu avec autant de complaisance que nous, les nommez Dugas, Landry, Le Blanc, Boudrot, Commeau, Belivau, Lacoste, Tillard et plusieurs autres, tous chefs des familles les plus étendues et les plus aisées, demander au nom de leurs parents et amis les secours dont ils ont besoin pour se retirer au plutost de la domination angloise, et avant que la rigueur de la saison ne leur rende leur sortie tout à fait dure ou impraticable, il paroist à craindre s’il ne va pas au moins un bâtiment à l’Accadie, que ces peuples se regardants comme abandonnez de la Cour ne se butent ; toujours est-il incontestable que les Anglois ne pourront que profiter de l’accablement dans lequel les jetteroit un tel abandon.

Nous n’avons rien épargné pendant notre séjour à Saint Pierre, maintenant Port Thoulouze, pour calmer sur cela leurs inquiétudes, tant dans les discours publiques que dans les conversations particulières, nous leur avons exposé, Messieurs, jusqu’ou alloit votre bonne volonté et ce que vous prendriez mesme sur vous pour seconder leur généreux empressement, nous nous sommes engagés de parolle de vous le représenter avec toutte la force dont nous pourrions estre capable et avec toutte la vivacité qui poura convenir par la connoissance que nous avons de l’importance dont il est, veu la saison, de ne plus différer, nous vous supplions de vous rendre favorable à la justice de nostre demande, c’est au nom des Missionnaires et des pauvres peuples de l’Accadie que nous vous la faisons.

Le secours, quoyque médiocre ne laissera pas de produire des bons et grands effects sur des peuples qui malgré leur zèle et droiture de leur intention n’ont encore jusqu’icy ressenti aucuns des secours qu’on leur avoit promis, cette première démarche leur sera un gage de ce qu’ils doivent justement attendre.

Nous ne vous avançons rien dont Monsieur de Pensens ne soit aussy convaincu que nous et dont il ne vous donne les assurances dès que vous le souhaitterez, et d’autant que nous avons connu par expérience la forte confiance que