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De 1690 à 1710, ce ne fut qu’une suite ininterrompue d’hostilités entre la Nouvelle-Angleterre d’un côté, le Canada et l’Acadie de l’autre : hostilités dont le motif ou l’objet était tantôt la saisie de vaisseaux pêchant dans les eaux françaises, tantôt la destruction d’un port s’élevant sur les frontières mal définies de l’Acadie, du côté du Maine. En 1690, Port Royal fut pris et dévasté par l’amiral William Phips, et M. de Menneval, gouverneur de l’Acadie, emmené prisonnier à Boston, avec la petite garnison qui n’avait même pas songé à défendre la place[1]. Phips, tout entier à l’expédition qu’il préparait contre Québec, expédition qui échoua d’ailleurs pitoyablement, négligea de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer de la possession définitive de Port-Royal. Aussi les Français, sous le commandement de M. de Villebon, eurent-ils beau jeu de s’y réinstaller en maîtres, l’année suivante.

Cette période de 1690 à 1710 fut probablement la plus sombre de toute la vie coloniale en Amérique, et la plus désastreuse pour la colonisation anglaise notamment. Pen-

    4,849 habitants ; en 1737, 7,598 ; ce recensement de 1737 est le dernier travail d’ensemble que possèdent les archives françaises sur les Acadiens ; en 1748, bien que nous n’ayons pas de recensement direct, nous possédons assez d’éléments pour calculer que la population de la presqu’île acadienne seule s’élevait à 11,925 habitants.

    V. Rameau. La France aux colonies et Une colonie, etc., passim.

  1. Robineau de Menneval, seigneur de Bécancour. — Sir William Phips était natif de Pemaquid et fils d’un forgeron. Promu au commandement d’une frégate, il réussit à tirer d’un galion espagnol submergé sur les côtes de Cuba la valeur de 300,000 livres st., ce qui lui valut le titre de chevalier. Après s’être emparé de Port-Royal, le 11 mai 1690, il tenta de prendre Québec au mois d’octobre de la même année, mais fut repoussé. Il fut nommé gouverneur du Massachusetts et mourut à Londres en 1695. Cf. Charlevoix, loc. cit. Tome III, livre XIV, p. 96 et seq. Cf. Le Cte de Frontenac, par Henri Lorin, III, p. c. II, p. 380 (Paris 1895). Cf. Garneau, loc. cit. Livre V, c. Il, p. 382 et seq.