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Ce n’était peut-être là, pour le grand monarque, qu’une pensée fugitive, entre deux plaisirs. Pour mener à bonne fin ces beaux projets, la France avait besoin de calme et de paix. Mais, toujours emportée par l’orgueil, l’ambition ou le caprice de ses souverains, elle n’eut jamais le repos nécessaire pour se consacrer entièrement à leur réalisation. L’on voulait éblouir les peuples, faire rayonner l’éclat de la gloire royale, et Louis XIV estimait sans doute que son prestige et sa renommée ne pouvaient gagner beaucoup à l’entretien, dans les forêts d’Amérique, de modestes hameaux, et cela au prix de coûteux sacrifices. Cependant, l’avenir de la France était là plus que partout ailleurs. Le travail, il est vrai, serait lent et patient, les résultats lointains. Mais aussi quelle riche moisson, quelle gloire solide, quelle grandeur durable la France pouvait s’assurer !

La meilleure preuve de l’incurie gouvernementale est l’abandon dans lequel on laissa l’Acadie. Cette province reçut dans l’espace de tout un siècle, à peine deux cents colons, quand, à cause des dangers qu’elle courait et de son importance stratégique, il lui en aurait fallu cinquante fois autant. Comme l’Angleterre savait traiter autrement ses colonies ! Deux cents colons ! Mais le plus humble des établissements britanniques s’augmentait au moins de cet apport en une seule année. Dans le seul été de 1620, la colonie de Virginie vit venir douze cents soixante et un émigrants, et elle était déjà forte de six cents. En 1625, mille autres s’adjoignirent à ce nombre : aussi en 1648 comptait-elle déjà une population de vingt mille âmes. Avant 1640,

    la Nouvelle-France (1686-1702,) avait succédé à de Meulles. C’est lui qui attira les Iroquois dans un guet-apens qui fut désapprouvé hautement dans la colonie, comme un attentat au droit des gens. Cf. Garneau. Livre IX, c. III.