Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/358

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pables de tentatives de rébellion, l’on préférerait plutôt, làbas, les faire anéantir par la voie des armes que de se prêter à un projet comme celui que Lawrence avait formé. Et pourtant, il fallait préparer l’esprit des Lords du Commerce à quelque chose dans ce sens. Voilà pourquoi, l’année précédente, Lawrence, leur peignant sous de sombres couleurs la conduite des Acadiens, avait vaguement insinué dans sa lettre « qu’il vaudrait mieux que ceux-ci fussent éloignés[1] ».


    présent critical situation of our affairs, we doubt not but that your conduct herein will meet with His Majesty’s approbation, » — cela indiquait-il que « jamais l’Angleterre ne donnerait son assentiment à une pareille infamie, » — ainsi que Richard l’écrit ici ? (Cf. C. A. (1894) March, 25, Whitehall, 1756. B. T. N. S. vol. 36. P. 273.) — Vraiment, à choisir entre l’attitude paradoxale de l’auteur d’Acadie pour exonérer la Grande Bretagne de toute complicité dans le crime de la déportation des Acadiens, et le point de vue de la plupart des auteurs anglais qui donnent cette déportation comme une mesure de self-préservation, de la part de l’Angleterre, tout en en déplorant la triste nécessité, nous adopterions plutôt ce dernier parti. Voici, en particulier, comment s’exprime M. William Bennett Munro, dans Canada and British North America : « That it was (the expatriation of the Acadians) a military necessity was the unanimous opinion of those who represented British interests in the new world at that time, and it is not unnatural that the British authorities at home should have trusted the judgment of those most familiar with the facts… The expatriation was an extrême measure, justifiable only on the ground that, with States as with men, self-preservation is the first law of nature. »

    (Dans History of North America, vol. XI, ch. VII. The Confict time. P. 188. George Barrie & Sons, Philadelphia).

    Certes, cette opinion-ci est très-discutable ; nous la croyons même absolument erronée, et sans fondement dans les faits réels. Mais elle a du moins le mérite de la vraisemblance ; elle est conforme à la logique britannique. Et l’on a vu que l’auteur se garde bien d’insinuer que la déportation est l’œuvre de Lawrence seulement, et qu’au contraire il affirme que les autorités métropolitaines ont bel et bien approuvé ce projet, s’en rapportant là-dessus au jugement du gouverneur de l’Acadie et de ses satellites. Tandis que l’opinion de Richard, qui s’efforce de sauver coûte que coûte l’honneur de la Métropole en cette affaire, est bâtie en l’air ; même à première vue, son invraisemblance est choquante ; et il reste assez de pièces aux archives pour en faire éclater l’inanité.

  1. « … and tho’I would be very far from attempting such a step without your Lordship’s approbation, yet I cannot help being of opinion that it would