Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 2, 1916.djvu/69

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donneraient tout, plutôt que d’obéir à ses ordres péremptoires sur le sujet du serment, il commença à louvoyer à son tour et à entrer dans la voie des subterfuges.] Comme il l’écrivait aux Lords du Commerce, le 11 septembre 1749[1] :

« Vos Seigneuries verront, par la copie ci-incluse de leur Lettre (des députés,) laquelle porte mille signatures, que les habitants sont, ou disent qu’ils sont disposés à partir plutôt que de prêter le serment d’allégeance. Comme je suis certain qu’ils n’iront pas abandonner leurs foyers à cette saison (d’automne,) je leur ai fait répondre sans changer un mot à ma précédente Déclaration, ou sans même la mentionner. Mon avis est de les utiliser le plus possible au service de Sa Majesté, aussi longtemps qu’ils resteront ici… »

Le Gouverneur estimait donc qu’il n’y avait pas à craindre de leur départ, au cours de l’automne, et encore moins pendant l’hiver. Cette perspective que la mauvaise saison retarderait nécessairement leur exode, lui laissait du répit. Au printemps, l’on aviserait à ce qu’il y aurait à faire, au cas où les habitants persisteraient dans leur détermination.

Comme nous l’avons déjà dit, après le traité d’Aix-la-Chapelle, les Français continuèrent à occuper le côté nord de la Baie de Fundy. Ce territoire était disputé, les deux Couronnes le revendiquant comme le leur : d’où litige sur lequel des commissaires spéciaux furent appelés à se prononcer. Dès que la fondation d’Halifax fut résolue, les Français, supposant que l’intention des Anglais était également d’occuper et de coloniser tout le district de Beaubas-

  1. Nova Scotia Documents, p. 175-6. — Cette lettre a été citée dans le chapitre précédent. L’extrait que le MS. en donne ici est fautif. Nous rétablissons le vrai texte.