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Paul Mascarène était le fils d’un huguenot français que la Révocation de l’Édit de Nantes avait forcé de s’expatrier. Tout jeune encore, il suivit son père à Genève d’abord, et plus tard en Angleterre, où il prit du service dans l’armée ; il s’éleva peu à peu, par son propre mérite, à la position à laquelle nous le voyons maintenant arrivé. Conciliant, habile, instruit, d’un esprit juste et droit, il gagna l’estime et la confiance de tous. Sa correspondance reflète les mêmes qualités et donne la meilleure idée de son caractère et de son éducation. Il serait difficile de relever dans toute sa conduite un seul point à propos duquel l’on puisse lui infliger un blâme sérieux, et dans son caractère un seul défaut saillant : l’on ne découvre chez cet homme que des qualités, et des qualités d’un ordre supérieur. Il était sévère, très sévère même, mais avec cela humain et travailleur ; il commandait avec respect et voulait qu’on lui obéît de même ; il avait de la patience ; il était minutieux à l’excès ; il poussait la recherche du détail jusqu’à en être parfois fatigant ; mais on lui reconnaissait de la loyauté, de la justice, de la compassion ; et s’il ne parvenait pas toujours à convaincre ses subordonnés de l’opportunité de ses mesures, il ne manquait guère d’en obtenir l’obéissance la plus complète. Sa vigilance se portait sur les plus petites choses de l’administration ; les coins les plus reculés de la Province n’échappaient pas à son regard ; rien n’était soustrait à son active vigilance. Le moindre retard dans l’exécution d’un commandement, la moindre infraction à ses ordres et règlements faisaient le sujet de longues lettres, où les réprimandes étaient données d’un ton paternel. Il punissait quelquefois ceux qui étaient en faute ; le plus souvent, il les renvoyait après leur avoir adressé une admonition bienveillante ; quand il devait infliger une peine, ce n’était qu’après