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François I avait nommé Vice-Roi de la Nouvelle-France, avec Jacques Cartier comme capitaine-général et maître-

    premier Pilote. La navigation fut heureuse ; Roberval bâtit un fort, les uns disent sur le fleuve St-Laurent, d’autres dans l’Isle du Cap-Breton, et y laissa Cartier en qualité de Commandant, après quoi il retourna en France… le froid et les autres incommodités du Pays rebutèrent bientôt la garnison du nouveau Fort, les Sauvages de leur côté prirent ombrage de ces étrangers et commencèrent à les molester, et tout cela joint ensemble, outre que M. de Roberval tarda peut-être un peu trop à revenir, obligea Cartier à s’embarquer avec tout son monde pour retourner en France ; mais ils rencontrèrent près de Terre-Neuve le Vice-Roy qui leur amenait un grand convoi (1542.) Dès qu’il (Roberval) eut rétabli toutes choses dans son Fort, il y laissa encore Cartier avec la meilleure partie de ses gens ; puis il remonta le fleuve St-Laurent, entra même dans le Saguenay… Il paraît que M. de Roberval fit encore quelques autres voyages en Canada, mais de bons mémoires assurent que la guerre déclarée entre François I et l’Empereur Charles-Quint l’arrêta pendant quelques années en France… Tous conviennent au moins qu’il fît un nouvel embarquement en 1549, avec son frère que François I avait surnommé le gendarme d’Annibal. Ils périrent dans ce voyage, avec tous ceux qui les accompagnaient, et on n’a jamais bien su par quel accident ce malheur était arrivé.

    Hist. et desc. gén. de la N. France, par Charlevoix, Paris, Didot, 1744. Tome I, liv. 1, p. 31 et seq.

    Garneau apporte des variantes importantes à ce simple récit de Charlevoix : « Les lettres-patentes de François I à Roberval sont du 15 janvier 1541 (Voir arch. Nat. reg. U. 734, fol. 54-62). Il faut se rappeler ici que jusqu’en 1567, l’année commençait à Pâques. Le départ de Roberval ayant été retardé, Cartier prit les devants et s’embarqua à St-Malo le 23 mai 1541. Après une traversée de 3 mois, il s’arrêta dans le havre de Carpunt, au Nord de Terre-Neuve, pour y attendre Roberval qui ne vint pas. Cartier poursuivit son voyage d’exploration jusque vers le saut Saint-Louis. Au printemps, il se décida de se rembarquer avec tout son monde. Roberval faisait justement voile vers l’Amérique. Il était parti de La Rochelle le 16 avril 1542 avec 3 navires. Suivant la version de Hakluyt, les deux petites flottes se seraient rencontrées à St-Jean de Terre-neuve, au mois de juin 1542. Cartier aurait refusé de rebrousser chemin et serait retourné à St-Malo. Roberval, rendu au Cap-Rouge en juillet, fit commencer un établissement qu’il appela France-Roy. En 1543, Roberval serait rentré en France avec la colonie entière. Découragé par l’échec de son voyage, à bout de moyens, il aurait renoncé pour jamais à ses projets sur le Canada. » (Histoire du Canada, 5e édit. Tome I, c. II-III, p. 31 et seq.) V. aussi l’appendice XXV consacré à Roberval. — Cf. Ferland. Cours d’Histoire du Canada. Tome I, ch. 2e : « Des mémoires affirment que Roberval, après s’être distingué