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INTRODUCTION
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L’historien digne de ce nom veut toujours prouver quelque chose.
Brunetière, Bossuet, p. 73.


C’est en mil neuf cent treize que nous fut confié le manuscrit original d’Acadie.

Ce manuscrit avait tout une histoire, presque sa légende. Que de bruits contradictoires j’avais entendu courir sur son compte ! Pour les uns, il se trouvait à Paris, aux mains d’un tel ou d’un tel. Pour les autres, il était à Québec. D’autres enfin croyaient savoir que ses feuillets étaient épars, et que l’on ne parviendrait jamais à les réunir. D’aucuns même prétendaient que l’auteur n’avait pas gardé le texte de son ouvrage, — se contentant de l’admirable traduction anglaise qu’en avait faite le Révérend Père Drummond, S. J. — Bref, tout le monde en parlait, mais personne ne semblait l’avoir vu. C’était à se demander s’il existait vraiment, s’il y avait quelque chance de pouvoir tomber dessus.

Le fait est que ce manuscrit avait eu des destinées assez accidentées, qu’il avait passé par bien des vicissitudes. Édouard Richard l’avait d’abord emporté avec lui à Paris, lorsqu’il y alla en mil huit cent quatre-vingt dix-sept, à