Page:Richard - Le véritable conducteur aux Cimetières du Père La Chaise, Montmartre, Mont-Parnasse et Vaugirard.djvu/51

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CIMETIÈRE DE L’EST,
MONT-LOUIS,
VULGAIREMENT
PÈRE LA CHAISE.




Quel est celui qui dans le cours de son existence n’a jamais perdu un ami ; je ne suis pas si heureux : déjà la tombe a dévoré plusieurs têtes qui m’étaient bien chères. Récemment encore, elle vient de m’enlever un camarade de collége auquel j’étais uni par les liens de la plus douce intimité ; ce fut un autre de nos camarades qui m’apprit cette fatale nouvelle, en venant me prier d’assister au convoi.

Notre ami était domicilié rue St.-Antoine : en conséquence, c’est au Père Lachaise que l’on conduisit sa dépouille mortelle.

Nous avons suivi la voiture funèbre dans ce silence profond et ce recueillement religieux que l’on doit toujours, à ce qu’il nous semble, observer dans ces tristes cérémonies.

Nous sommes entrés au cimetière par la nouvelle porte pratiquée depuis peu damnées sur le boulevart ; on a bien fait : l’ancienne était trop mesquine pour un lieu qui renferme tant de souvenirs et de gloire.

Nous avons vu jeter la première pelletée sur cette froide dépouille. Que de réflexions ne nous a pas inspirées ce seul brin de terre !

Mais pourquoi sur le bord de ce fossé funèbre où vont s’engloutir tous les projets, toutes les passions, toutes les espérances des mortels, pourquoi des fossoyeurs avides viennent-ils vous arracher à