Page:Richardson - Clarisse Harlove, I.djvu/32

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pourvu par l’affection que sa marraine Lovell a pour lui, sachant d’elle-même qu’elle lui laisse, par acte de donation et par testament, ses terres d’écosse et d’Angleterre (car il n’y a jamais eu, de quoi Dieu soit béni ! Une famille plus heureuse dans toutes ses branches) ; et comme mon second fils James est disposé à traiter favorablement mon petit-fils, et aussi ma petite-fille Arabelle, pour laquelle je ne prétens aucunement manquer d’égards, n’ayant aucune raison pour cela, car c’est un enfant respectueux et qui promet beaucoup : comme mes fils Jules et Antonin ne témoignent pas d’inclination pour le mariage, de sorte que mon fils James est le seul qui ait des enfans ou qui ait l’apparence d’en avoir ; par toutes ces raisons, et parce que ma bien-aimée petite-fille Miss Clarisse Harlove

a été depuis son enfance une jeune personne incomparable dans son respect pour moi, et qu’elle a été admirée de toutes les personnes qui l’ont connue, comme un enfant d’un mérite extraordinaire ; je dois prendre plaisir à la considérer comme mon propre enfant particulier, et cela sans donner d’offense, et dans l’espérance qu’on n’en prendra aucune, puisque mon fils James peut répandre ses faveurs à proportion, et en plus grande proportion, sur ma petite-fille Arabelle et mon petit-fils James : ces raisons, dis-je, sont celles qui me portent à disposer des biens ci-dessus décrits, en faveur de ce précieux enfant, qui a fait les délices de ma vieillesse, et qui, par son aimable soumission, et par ses soins tendres et délicats, a contribué, comme je le crois véritablement, à la prolongation de ma vie. Ainsi c’est ma volonté expresse et mon commandement, et j’enjoins à mes trois fils, Jules, James, et Antonin, et à mon petit-fils James, et à ma petite-fille Arabelle, autant qu’ils respectent ma bénédiction et ma mémoire, qu’ils souhaitent que leurs dernières volontés et leurs désirs soient exécutés par leurs survivans, qu’aucun d’eux n’attaque et ne conteste les legs et dispositions suivantes en faveur de madite petite-fille Clarisse, quand elles ne seraient pas conformes à la loi ou à quelque formalité de la loi ; et qu’ils ne souffrent pas qu’elles soient attaquées ou contestées par qui que ce soit, sous quelque prétexte que ce puisse être. Et dans cette confiance, etc., etc. "


Miss Clarisse Harlove, à Miss Howe.

20 janvier. Je n’ai pas eu jusqu’aujourd’hui la liberté de continuer mon dessein. Mes nuits et mes matinées n’ont point été à moi. Ma mère s’est trouvée fort mal, et n’a pas voulu d’autres soins que les miens. Je n’ai pas quitté le bord de son lit, car elle l’a gardé depuis ma dernière lettre ; et pendant deux nuits, j’ai eu l’honneur de le partager avec elle. Sa maladie était une violente colique. Les contentions de ces esprits fiers et mâles, la crainte de quelque désastre qui peut arriver de l’animosité qui ne fait qu’augmenter ici contre M Lovelace, et de son caractère intrépide et vindicatif, qui n’est que trop connu, sont des choses qu’elle ne peut supporter. Et puis les fondemens qui lui paroissent jetés avec trop de vraisemblance pour des jalousies et des aigreurs, dans une famille jusqu’à présent si heureuse et si unie, affligent excessivement une ame douce et sensible, qui a toujours sacrifié à la paix sa