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Page:Richardson - Clarisse Harlove, II.djvu/108

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pour les Harlove. Qu’ils prennent soin l’un de l’autre. Ils y sont assez portés. Les loix seront leur défense. Votre homme n’est pas un assassin, ni un meurtrier de nuit. C’est un ennemi ouvert, parce qu’il est intrépide ; et s’il entreprenait quelque chose qui le soumît à la rigueur des loix, vous seriez heureusement délivrée de lui par la fuite ou par la corde ; n’importe lequel des deux. Si vous n’étiez pas entrée dans un si grand détail de toutes les circonstances qui regardent la conversation que vous avez entendue entre M Lovelace et les deux femmes, je les soupçonnerais de n’avoir tenu cette conférence que pour vous. J’ai fait voir les propositions de M Lovelace à M Hickman, qui avait été destiné pour la robe avant la mort de son frère aîné. Il en a pris un air si grave, si fier et si important ; il m’a dit d’un ton si mystérieux, qu’il voulait les prendre en considération, qu’il les emporterait, si je le trouvais bon, qu’il les pèserait, et d’autres affectations de cette nature, que la patience m’a manqué. Je lui ai arraché le papier de colère. Eh ! Quoi, le traiter si mal pour son zèle : oui, pour un zèle sans lumières, tel que la plupart des autres zèles. S’il n’a point été frappé tout d’un coup de quelqu’objection, c’est qu’il n’y en a point à faire. Si prompte ! Ma très-chère miss. Si lent ! très-peu cher monsieur, aurais-je pu répondre : mais je me suis contentée de lui dire, assurément, avec un regard qui signifiait, oseriez-vous faire le rebelle ?

il m’a demandé pardon. à la vérité, il ne voyait aucune objection ; mais il avait cru qu’une seconde lecture… n’importe, n’importe, ai-je interrompu ; je les ferais voir à ma mère, qui, sans avoir pensé à porter la robe, en sait plus au premier coup d’œil, que tous vos lambins de conseillers, si je ne craignais de l’irriter par l’aveu de ma correspondance. Mais ne balancez pas, ma chère, à faire dresser les articles en bonne forme. Que la célébration les suive de près, et qu’il n’en soit plus parlé. Je ne dois pas oublier que le matelot a beaucoup tourné autour de ma femme de chambre, et qu’il a tenté de la corrompre par un gros présent, pour savoir d’elle le lieu de votre retraite. La première fois qu’il aura l’audace de paroître, je le ferai jeter dans le plus profond de nos étangs, si je ne puis rien tirer de sa bouche. L’entreprise de corrompre un domestique de la maison justifiera mes ordres.



M Lovelace, à M Belford.

dimanche, 21 de mai. J’ai l’esprit trop plein de mes ressentimens, pour m’occuper d’autre chose que de ma vengeance ; sans quoi, je m’étais proposé de te communiquer les observations de Miss Harlove sur la tragédie d’Otway. Miss Harlove ! Pourquoi lui donner ce nom ? Parce que je le hais, et que je suis extrêmement irrité contre elle et contre son impertinente amie. De quoi donc ? Me demandes-tu. Le sujet en vaut assez la peine. Pendant que nous étions à la comédie, Dorcas, qui avait ses ordres, et la clé