Page:Richardson - Clarisse Harlove, II.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous vous l’avons répété cent et cent fois. " elles me l’ont dit en effet ; mais l’avis de leur part n’avait pas la moitié tant de force que de celle de Miss Howe. Elle approuve mes propositions pour la maison de Madame Fretchville. Elle l’exhorte à penser aux articles, et à nommer un jour. Enfin, elle la presse de lui écrire, malgré la défense de sa mère ; sans quoi, elle lui déclare qu’elle doit se charger des conséquences. Malheureuses petites rebelles ! Tu diras en toi-même : cette fière et insolente fille est-elle donc cette Miss Howe qui a soupiré pour notre honnête ami sir Georges Colmar, et qui, sans les conseils de sa Clarisse Harlove, l’aurait peut-être suivi, dans le désordre de sa fortune, lorsqu’il fut obligé de quitter le royaume ? Oui, c’est la même ; et j’ai toujours remarqué, par l’expérience d’autrui comme par la mienne, qu’une première passion subjuguée fait un corsaire du vainqueur ; ou un tyran, si c’est une femme. Dans une autre lettre, " elle approuve le dessein que son amie a de me quitter, si sa famille consent à la recevoir. Elle vient d’apprendre sur mon compte, quelques étranges aventures, qui doivent me faire regarder comme le plus méchant de tous les hommes. Si j’avais une douzaine de vies, j’aurais dû les perdre, il y a vingt crimes . " plaisante façon de compter, Belford ? Miss Betterton et Miss Lockyer sont nommées. votre homme (c’est le nom qu’elle me donne irrespectueusement) est un infame , dit-elle. Je veux être confondu, si je me laisse traiter d’ infame sans le mériter ! Elle fera sonder les dispositions de M Jules Harlove. " elle lui conseille d’attacher Dorcas à ses intérêts, et de se procurer quelqu’une de mes lettres, par ruse ou par surprise. " vois, Belford. " elle est alarmée de mon entreprise pour me saisir d’une des siennes. " s’il arrivait, dit-elle, que je fusse jamais informé de la manière dont elle me traite, elle n’oserait sortir sans une escorte . Je conseille à l’effrontée de tenir son escorte prête. je suis le chef d’une bande de scélérats, (elle te nomme, toi et mes autres subalternes) qui sont associés pour tromper d’innocentes créatures, et pour se prêter la main dans leurs infames entreprises . Qu’as-tu à répondre, Belford ? elle n’est pas surprise des mélancoliques réflexions de son amie sur le malheur qu’elle a eu de me voir à la porte du jardin, d’être forcée de me suivre, d’être trompée par mes artifices.

j’espère qu’après cela, Belford, tu finiras tes prédications. Mais elle lui représente, pour la consoler, qu’elle servira d’exemple et d’avertissement à son sexe . J’espère en effet que son sexe m’en aura l’obligation. Mes copistes n’ont pas eu le tems, disent-elles, de transcrire tout ce qui mérite mon ressentiment dans cette lettre. Il faudra que je cherche l’occasion de la lire moi-même. Elle contient, à leur avis, des réflexions fort nobles. Mais j’y suis un séducteur , et mille fois un vil misérable . Miss Howe croit que le diable a pris possession de mon cœur et de celui de tous les Harloves à la même heure, pour exciter son amie à la fatale entrevue . Elle ajoute qu’il y a du destin dans son erreur. Pourquoi donc s’affliger ? L’adversité est sa saison brillante . Et je ne sais combien d’autres