commencé, dit-elle, à trouver fort suspect tout ce qu’il m’a dit de Madame Fretchville et de sa maison ; et mes soupçons tombaient jusques sur M Mennell, quoique je lui trouve la physionomie honnête. Mais à présent que M Lovelace a communiqué à sa famille le dessein qu’il a de prendre cette maison, et qu’il a même engagé quelques-unes de ses dames à m’y rendre une visite, j’ai peine à ne me pas faire un reproche de l’avoir cru capable d’une si vile imposture. Cependant ne doit-il pas se prendre à lui-même de l’embarras qu’il me cause par une conduite inexplicable ; et de celui qu’il met dans ses propres intentions, comme je le dis souvent, si elles sont aussi bonnes que je veux encore me le persuader ? "
M Lovelace, à M Belford.
mercredi, 24 de mai. J’avoue qu’il n’est pas au pouvoir d’une femme d’être absolument sincère dans ces occasions. Mais pourquoi ? Courent-elles donc tant de risque à se laisser voir telles qu’elles sont ? J’ai regretté la maladie de Madame Fretchville, ai-je dit à ma chère Clarisse, parce que l’intention que j’ai eue de la fixer dans cette maison avant que l’heureux lien fût formé, l’aurait mise, réellement comme en apparence, dans cette indépendance parfaite qui étoit nécessaire pour montrer à tout le monde que son choix était libre, et que les dames de ma famille auraient ambitionné de lui faire la cour dans son nouvel établissement, tandis que je me serais occupé à préparer les articles et les équipages. Par-tout autre motif, ai-je ajouté, la chose me touchait assez peu, puisqu’après la célébration, il nous était aussi commode de nous rendre au château de Médian, ou près de milord, au château de M ou chez l’une ou l’autre de mes deux tantes ; ce qui nous aurait donné tout le temps nécessaire pour nous fournir de domestiques et d’autres commodités. Tu ne saurais t’imaginer avec quelle charmante douceur elle me prêtait son attention. Je lui ai demandé si elle avait eu la petite vérole ? C’est de quoi sa mère et Madame Norton, m’a-t-elle répondu, n’ont jamais été bien sûres. Mais quoiqu’elle ne la craignît point, elle ne se souciait pas d’entrer sans nécessité dans des lieux où elle étoit. Fort bien, ai-je pensé en moi-même . Sans cela, lui ai-je dit, il n’aurait pas été mal à propos qu’elle eût pris la peine de voir cette maison avant que de partir pour la campagne ; parce que, si elle n’était pas de son goût, rien ne m’obligeait de la prendre. Elle m’a demandé si elle pouvait prendre copie de la lettre de ma cousine. Je lui ai dit qu’elle pouvait garder la lettre même, et l’envoyer à Miss Howe, parce que je supposais que c’était son intention. Elle a baissé la tête vers moi, pour me remercier. Qu’en dis-tu, Belford ? Je ne doute pas que bientôt je n’obtienne une révérence. Qu’avais-je besoin d’effrayer