Page:Richardson - Clarisse Harlove, II.djvu/145

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vous, tout ce qui dépend de ma volonté, sans qu’il soit plus question de vous que si vous n’étiez pas au monde. Demandez-vous quelque chose de plus pour votre sûreté ; parlez hardiment ; je suis prêt à le faire ; quoique ma parole, comme vous savez, soit aussi sacrée qu’un écrit. Lorsque les Harlove sauront mes intentions, nous verrons s’ils sont capables de rougir, et de prendre la honte pour eux-mêmes. Vos deux tantes ne demandent que de savoir le jour, pour mettre tout le pays en feu autour d’elles, et pour faire tourner la tête de joie à tous leurs vassaux. Si quelqu’un des miens était sobre ce jour-là, Pritchard a ordre de le chasser. à la naissance de votre premier enfant, si c’est un garçon, je ferai quelque chose de plus pour vous, et toutes les réjouissances seront renouvelées. Je conviens que j’aurais dû vous écrire plutôt ; mais je me suis imaginé que, si vous trouviez ma réponse trop lente, et si vous étiez pressé pour le jour, vous m’en donneriez avis par un second exprès. Ma goutte m’a furieusement tourmenté. D’ailleurs, comme vous savez, je ne suis plus un prompt écrivain quand je veux faire une bonne lettre. La composition est un exercice que j’entendais autrefois fort bien ; et Milord Lexington me louait souvent là-dessus ; mais l’ayant interrompue, depuis long-temps, j’avoue que je ne suis plus le même. Ajoutez que, dans ces circonstances, j’ai voulu tout écrire de ma propre main et sur ma seule mémoire, pour vous donner les meilleurs avis dont je suis capable, parce que je n’en aurai peut-être jamais la même occasion. Vous avez toujours eu l’étrange méthode de tourner le dos à tout ce que je vous ai dit. Mais j’espère qu’aujourd’hui vous ferez plus d’attention au conseil que je vous donne pour votre propre bien. J’avais une autre vue. J’en avais même deux ; l’une, à présent que vous êtes comme sur le bord

du mariage, et que vous avez jeté enfin votre gourme , de vous donner quelques instructions sur votre conduite publique et privée, dans le cours de cette vie mortelle. Me connaissant les bonnes intentions que j’ai pour vous, votre devoir est de m’entendre. Peut-être ne l’auriez-vous jamais fait, dans une occasion moins extraordinaire. La seconde est de faire connaître à votre chère dame, qui écrit elle-même si bien et si sententieusement , que si vous n’avez pas mieux valu jusqu’à présent, ce n’est pas notre faute, ni manque d’excellens avis. Je commence, en peu de mots, par la conduite que vous devez tenir en public et en particulier, si vous me croyez capable de vous donner là-dessus quelques lumières. Je serai court, n’ayez pas d’inquiétude. Dans la vie privée, ayez pour votre femme l’affection qu’elle mérite. que vos actions fassent votre éloge. soyez un bon mari ; et donnez ainsi le démenti à tous ceux qui ne vous aiment point. Faites-les rougir de leurs propres scandales, et donnez-nous sujet de nous glorifier que Miss Harlove ne s’est pas fait déshonneur à elle-même, ni à sa famille, en entrant dans la nôtre. Faites-cela, cher neveu, et vous êtes sûr à jamais de mon amitié et de celle de vos tantes. à l’égard de votre conduite publique, voici ce que j’aurais à souhaiter. Mais je compte que la sagesse de votre femme nous servira de guide à tous deux. Point de hauteur, monsieur, car vous savez que, jusqu’à présent, votre sagesse n’a pas fort éclaté. Entrez au parlement le plutôt qu’il vous sera possible. Vous avez des talens