Page:Richardson - Clarisse Harlove, II.djvu/173

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même pied dans cette maison ? Il peut arriver que cette médiation du capitaine ne produise aucun fruit. Votre frère peut continuer ses projets, d’autant plus qu’il saura bientôt, et peut-être de votre oncle même, que vous n’êtes pas sous la protection des loix. Vous devez consentir du moins que les choses demeurent ici sur le même pied. " consentir à ce que vous désirez, M Lovelace, c’est persister dans une faute que je condamne. Cependant, comme l’occasion (si vous croyez qu’il y ait quelque occasion qui puisse justifier une fausseté) ne saurait durer long-temps, j’en suis moins portée à vous disputer ce point. Mais je ne me rendrai pas coupable d’une nouvelle erreur, si je puis l’éviter ". Me soupçonnez-vous, mademoiselle, de quelque vue indigne, dans la démarche dont j’ai supposé que vous ne vous feriez pas un scrupule pour obtenir une solide réconciliation avec vos proches ? Mon motif, vous le savez, n’est pas mon intérêt propre. Que m’importe, à moi, d’être jamais réconcilié avec eux ? Je ne demande d’eux aucune faveur. " il me semble, M Lovelace, que, dans notre situation présente, qui n’est pas absolument désagréable, il n’y a rien qui m’oblige de répondre à cette question. J’ajoute que je trouverai encore plus d’agrément dans ma perspective, si demain au matin vous déclarez au capitaine, non-seulement le fond de la vérité, mais tous les pas même que vous avez faits, et que vous devez faire, dans la vue de soutenir les favorables intentions de mon oncle. C’est une ouverture que vous pouvez faire sous le secret, et sous toutes les restrictions qu’il vous plaira. M Tomlinson est un homme prudent, qui a le repos de ma famille à cœur, et dont j’ose dire qu’on peut se faire un ami ". J’ai jugé qu’il n’y avait rien à me promettre d’elle. J’ai vu l’inflexible esprit des Harlove, qui agissait dans toute sa force. Une petite obstinée, une petite… pardonnes, amour, si je lui donne des noms injurieux. Voici ma réponse. " nous avons eu, chère miss, des démêlés trop fréquens, pour me faire désirer d’en avoir jamais d’autres. Je veux vous obéir sans réserve. Si je n’avais pas cru vous obliger par l’autre méthode, sur-tout en prenant le parti de hâter la célébration, qui nous aurait dispensés de persister dans une fausseté, je ne vous en aurais jamais fait la proposition. Mais ne vous imaginez pas, mon adorable Clarisse, que vous jouissiez, sans condition, du triomphe que vous remportez sur mon jugement ". En jetant mes bras autour d’elle, j’ai pris, malgré toute sa résistance, un baiser enflammé sur ses lèvres. " votre pardon pour cette liberté (en lui faisant une profonde révérence), est l’unique condition que je vous propose ". Elle n’a pas paru mortellement offensée. Il faut à présent que je tire parti du reste. Mais je ne te cacherai pas que, si son triomphe n’a pas diminué mon amour, il est devenu pour moi un nouvel aiguillon de vengeance, si tu veux lui donner ce nom. Mais celui de victoire ou de conquête me paraît convenir mieux. à la vérité, il y a du plaisir à subjuguer ces beautés fières et vigilantes. Mais, sur ma foi ! Belford, les gens de notre espèce prennent vingt-fois plus de peine pour être des scélérats, qu’il ne leur en coûterait pour devenir d’honnêtes gens ; et, sans parler des risques auxquels on s’expose, il faut suer et se tourmenter prodigieusement le cerveau pour arriver