Page:Richardson - Clarisse Harlove, II.djvu/301

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M Lovelace, et, par conséquent, de rien qu’il ne puisse entendre, à l’exception d’un mot ou deux, qui peuvent être remis à la fin. Clar. je vous prie, mesdames, ne pensez point à sortir. Tout est changé, monsieur, depuis la derniere fois que je vous ai vu. Dans tout ce qui me concerne à présent, il n’y a plus rien à quoi M Lovelace puisse prendre part. Le Capit. vous me surprenez, madame. Je suis affligé de ce que j’entends : affligé pour l’intérêt de votre oncle, affligé pour le vôtre et pour celui de M Lovelace. Il faut qu’il vous ait donné d’autres sujets de plainte que ceux dont il m’a fait l’aveu ; sans quoi… Lovel. en vérité, capitaine, en vérité mesdames, je vous ai raconté une grande partie de mon histoire ; et ce que je vous ai dit de l’offense n’a pas reçu le moindre déguisement dans ma bouche. Si j’ai supprimé quelque chose, c’est uniquement ce que vous ne pouviez entendre sans accuser cette chère personne d’un excès de rigueur. Clar. fort bien, fort bien, monsieur. Vous pouvez me noircir et vous justifier à votre aise. Je ne suis plus en votre pouvoir. Cette pensée me console de tout. Le Capit. le ciel me préserve de prendre la défense d’un crime qu’une personne de vertu et d’honneur ne peut pardonner ! Mais sûrement, sûrement, madame, c’est aller trop loin. Clar. ne me blâmez pas, M Tomlinson. J’ai bonne opinion de vous, comme d’un ami de mon oncle. Mais si vous êtes celui de M Lovelace, mes idées changent ; car ses intérêts et les miens ne doivent plus rien avoir de commun. Le Capit. de grâce, madame, que j’aie l’honneur de vous dire un mot en particulier. Clar. rien ne vous empêche, monsieur, de vous expliquer librement devant ces dames. M Lovelace peut avoir des secrets ; je n’en ai aucun. Il semble que vous me jugiez coupable ; je serais charmée que tout le monde connût le fond de mon cœur. Que mes ennemis paroissent ; qu’ils m’interrogent ; je suis prête à leur révéler mes plus secretes pensées. Le Capit. ame noble ! Quelle femme au monde pourrait tenir ce langage ? (chacune des trois femmes a levé les mains et les yeux, comme pour dire : ce n’est pas moi.) il n’y a rien ici qui sente le désordre, a dit Miss Rawlings : mais, en jugeant par son propre cœur, elle y a dû trouver peu de vraisemblance. Langage admirable ! A dit Madame Bévis, en serrant les épaules. Madame Moore a soupiré. Moi, j’ai dit en moi-même : l’ami Belford connaît mon cœur. à cet égard, au moins, je suis plus ingénu qu’aucune de ces trois créatures, et seul comparable ici à cette divine fille. Clar. je ne m’informe pas comment M Lovelace a pu découvrir mes traces. Mais tant de méprisables inventions, tant de ruses et de vils déguisemens pour s’introduire dans cette maison, tant de mensonges hardis et choquans… Le Capit. un mot seulement en particulier… Clar. pour soutenir des droits qui n’ont aucun fondement ! Ah ! Monsieur ! Ah ! Capitaine Tomlinson ! Que de raisons n’ai-je pas de dire, que cet homme est capable de toutes sortes de bassesses ? (les femmes ont jeté les yeux l’une sur l’autre, et de-là sur moi, pour voir