Page:Richardson - Clarisse Harlove, II.djvu/314

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aurais pas écrit dans les termes de ma dernière lettre, si je n’avais pas été résolue de renoncer à vous, quelque sort qui puisse m’attendre. (j’ai repris ici toutes mes espérances. Malgré la dureté de ses expressions, j’ai vu qu’elle craignait l’impression qui pouvait me rester de sa lettre. En effet, cette lettre est la violence même. Apprends, Belford, par cet exemple, qu’on ne doit jamais rien écrire de sérieux dans la colère.) Lovel. la rigueur que vous m’avez marquée, madame, et de bouche et par écrit, ne sera jamais rappelée que pour vous en faire honneur. Dans le jour où vous avez pris les choses, elle était juste, et l’effet d’un vertueux ressentiment. J’adore jusqu’aux tourmens que vous m’avez causés. Elle est demeurée sans répondre. Elle était assez occupée de l’exercice que ses yeux donnaient à son mouchoir. Lovel. vous vous plaignez quelquefois de n’avoir pas une amie de votre sexe à consulter. J’avoue que Miss Rawlings n’est pas une fille à qui vous puissiez prendre confiance. Je juge bien de ses intentions ; mais elle est d’une curiosité extrême, et j’ai remarqué toute ma vie, qu’il y a peu de fond à faire sur une personne qui cherche si fort à pénétrer les secrets d’autrui. (es-tu content de mon adresse, Belford ? Je n’aurais pas aimé, comme tu crois, ses appels à Miss Rawlings.) les personnes de ce caractère, ai-je ajouté, sont gouvernées par leur orgueil, qui n’est satisfait qu’après avoir communiqué un secret à l’oreille jusqu’à ce qu’il devienne public, pour se faire honneur de leur importance ou de leur pénétration. Mais vous pouvez vous fier aux dames de ma famille. Toute leur ambition est de vous en voir au nombre. Continuez seulement, pour seconder l’expédient de votre oncle, et pour éloigner toutes sortes de désastres, à passer quelque temps pour mariée. Miladi Lawrance saura la vérité nue. Vous pourrez l’accompagner dans sa terre, comme elle se flatte de vous y trouver disposée ; et, s’il le faut, regardez-moi comme un homme qui a besoin d’être éprouvé, que vous rejeterez, ou que vous daignerez recevoir, comme vous m’en reconnaîtrez digne. Le capitaine a porté encore une fois la main à sa poitrine, en déclarant, sur son honneur, que dans le cas de sa propre fille, et supposé qu’elle ne se déterminât pas immédiatement pour le mariage, ce qui lui paraîtrait encore à préférer, il aurait un véritable chagrin qu’elle refusât une proposition de cette nature. Clar. si j’étais dans la famille de M Lovelace, avec le nom de sa femme aux yeux du public, je ne serais plus libre dans mon choix : et quelle chimère que cet état d’épreuve ! Ah ! M Tomlinson, vous êtes trop de ses amis, pour pénétrer toutes ses vues. Le Capit. de ses amis, madame, comme je vous l’ai déjà dit ; pour votre propre intérêt, pour celui de votre oncle, et pour celui d’une réconciliation générale, qui doit commencer entre vous par une meilleure intelligence. Lovel. promettez seulement, mon cher amour, d’attendre l’arrivée et la visite de ma tante. Elle sera notre arbitre. Le Capit. cette proposition est très-innocente. Il ne peut en arriver aucun mal. Si l’offense de M Lovelace est d’une nature qui paroisse indigne de grâce, au jugement d’une dame de ce caractère, alors, pour moi… Clar. (l’interrompant, et s’adressant à moi) ; si vous ne m’assiégez pas dans ma chambre, monsieur, si je suis aussi libre que je dois l’être,