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Page:Richardson - Clarisse Harlove, II.djvu/408

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les transports de M Lovelace, après avoir lu leur lettre. Celle qu’il écrivit aussi-tôt, et qu’il fit partir le lendemain avant le jour, était pour conjurer son ami, M Belford, de voler au secours de Miss Harlove, de lui rendre la liberté, de lui faire porter tous ses effets, et de le justifier à ses yeux d’une action si lâche et si noire, comme il ne fait pas difficulté lui-même de la nommer. Il ne doute pas que tout ne soit heureusement terminé ; et que la divinité de son cœur (c’est le nom qu’il lui donne à chaque mot) ne soit dans une situation plus tranquille. Il ajoute que la raison qui a redoublé sa furie, après avoir lu la lettre de M Belford, c’est qu’il y a découvert un dessein marqué de le tenir en suspens, pour le tourmenter, et des réflexions fort piquantes (car M Belford, dit-il, a toujours été l’avocat de Miss Harlove) sur une aventure dont il le soupçonne injustement d’avoir été l’auteur. Il déclare, et nous pouvons en répondre, que depuis samedi au soir, il a été le plus misérable de tous les hommes. Il n’a pas voulu se rendre lui-même à Londres, dans la crainte qu’on ne le soupçonnât d’avoir trempé dans une action si noire, et de s’en promettre quelque indigne fruit. Ne doutez pas, chère Miss Howe, que nous ne soyons tous vivement pénétrés de cette malheureuse aventure, qui est capable d’aigrir les ressentimens de votre charmante amie, et de nuire beaucoup à nos espérances. Ma sœur joint ses remerciemens aux miens, pour toutes les politesses, les amitiés dont vous nous comblâtes jeudi. Nous vous demandons la continuation de vos soins pour le sujet de notre visite. Tous les nôtres se rapporteront à combler de caresses et des témoignages les plus sincères de notre affection, une aimable cousine, que nous souhaiterions de pouvoir dédommager de tous les maux qu’elle a soufferts. Tels sont, très-chère miss, les sentimens de vos très-humbles, etc. Charlotte Marthe Montaigu. Nous joignons, chère Miss Howe, nos prières à celles de Miss Charlotte et de Miss Patty Montaigu, pour obtenir vos bons offices en faveur d’un neveu dont nous ne prétendons point excuser la conduite, mais qui s’est engagé si fortement à la réparer, qu’il ne peut nous rester aucun doute de ses intentions. Nous ne sommes pas moins convaincues, par les circonstances, qu’il n’a pas eu de part au dernier accident, et que la douleur qu’il a marquée est un sentiment sincère. Croyez-nous, mademoiselle, vos très-humbles, etc. M. Sarah Sadleir. élisabeth Lawrance. Chère miss, après les honorables noms qui précèdent, je pourrais me dispenser d’en signer un qui m’est presque aussi odieux qu’à vous. Mais on exige absolument que je le joigne aux témoignages qu’on a la bonté de vous rendre en ma faveur, comme une confirmation solennelle de mes intentions et de mes promesses. En deux mots, qui me semblent suffire pour dissiper tous vos doutes, je vous proteste que, si j’obtiens la permission de me jeter aux pieds de la plus digne et de la plus outragée de toutes les femmes, je suis prêt à le faire, la corde au cou, un prêtre et le bourreau à mes côtés, comme un malheureux coupable qui attend de sa bouche l’arrêt de ma vie ou de ma mort.

Lovelace.



M Belford, à M Lovelace.

dimanche au soir, à 6 heures. De quelle détestable aventure as-tu résolu de me rendre témoin ? Tu peux le prendre sérieusement, ou t’en faire un sujet de raillerie, si tu veux : mais je t’apprends que l’excellente femme dont tu ne te lasse pas d’outrager la vertu, ne sera plus long-temps ton jouet, ni celui de la fortune. Cruel Lovelace ! Je vais te peindre une scène qui n’a pas besoin d’art pour tirer des larmes de tes yeux mêmes, et du sang de ton cœur endurci. C’est toi, toi seul, qui devrais porter du secours à Miss Harlove dans sa