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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/114

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Histoire

Je le ferois, n’en doutez pas, lui ai-je répondu, si M. Fouler n’attendoit de moi que des civilités. Mais je veux aller plus loin, Monsieur, pour vous marquer toute la considération dont je suis remplie pour vous. Contribuez à mon bonheur par votre estime & votre amitié. Permettez que je vous regarde comme un Pere, & que je prenne pour M. Fouler tous les sentimens d’une sœur. Je ne suis point assez heureuse pour appartenir à quelqu’un par des noms si tendres ! Que M. Fouler prenne aussi les mêmes sentimens pour moi. Toutes les visites que vous me rendrez l’un & l’autre à ces deux titres, me seront plus cheres qu’elles ne peuvent jamais l’être autrement. Mais, ô mon Pere ! car je veux déja vous donner ce nom, ne pressez plus votre fille sur un point qu’elle ne peut vous accorder.

Les larmes du Vieillard ont recommencé ici, avec des soupirs qui m’ont causé une véritable émotion. Il m’a traitée d’Ange, de Divinité, de fille irrésistible. C’étoit ma bonté, m’a-t-il dit, ma douceur, ma franchise, qui le pénétroient jusqu’au fond du cœur. Je l’ai pris par la main, sans écouter tout ce qu’il me disoit encore pour son Neveu, & je l’ai conduit à M. & Madame Reves, qui nous attendoient dans la chambre voisine, & qui ont paru aussi surpris de mon action, que de lui voir le visage tout mouillé de larmes. Félicitez-moi, leur ai-je dit, avec une vive exclamation. J’ai trouvé un Pere