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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/135

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du Chev. Grandisson.

de clavecin, qui a fait prendre un autre cours à cette chaleur ; & le Baronet, apprenant que Mr Greville devoit partir demain, est sorti plutôt qu’il ne sembloit en avoir eu l’intention, dans la joie apparemment de se voir le champ libre.

En nous quittant, Mr Greville a donné carriere encore à sa folle imagination ; & ce tour d’esprit a si bien disposé pour lui Mme Reves, qu’elle le regarde, dit-elle, comme le plus amusant de tous mes Importuns. Mais qu’est-ce donc que l’art d’amuser ? J’ai répondu, d’un ton assez froid, que Mr Greville est un homme sans mœurs ; & que s’il étoit capable de rougir de quelque chose, ou de ressentir l’amour qu’il s’attribue, il ne seroit ni si gai, ni si amusant qu’il l’est en effet. Là dessus, Mr Reves a voulu savoir auquel du moins, des cinq Personnages qu’il appelle mes Amans, je pourrois donner quelque préférence. Je n’ai pas balancé à lui répondre que s’il parloit d’une préférence de goût, il n’y en avoit aucun pour lequel je me sentisse le moindre penchant ; mais que s’il n’étoit question que de mon jugement sur leur caractere, j’y mettois une différence extrême, à l’avantage de Mr Orme, qui me paroissoit digne de l’estime & de l’amitié de tous les honnêtes gens. Fort bien, a répliqué Mr Reves ; je suis donc prêt à parier que tôt ou tard la pomme est pour Mr Orme.