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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/140

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Histoire

c’est ce que j’apprehende le plus. On me met en princesse Arcadienne ; mais ce déguisement s’accorde si peu avec l’idée que j’avois de l’habit Pastoral d’Arcadie, que c’est au contraire tout ce qu’il y a de magnifique & de recherché dans les nouvelles modes de France & d’Italie. On y vouloit joindre une Houlette ; mais je n’ai pas conçu qu’elle pût convenir avec ce riche équipage ; quoique je doive être sans panier, car on ne porte point de paniers dans l’Arcadie. Quelle figure je vais faire ! On ne se mettroit pas plus magnifiquement pour un Bal paré. Ils m’assurent tous que je verrai des Masques en habits aussi riches & mêmes aussi ridicules que le mien. Il en sera ce qu’il plaît au Ciel ; mais je souhaiterois que cette nuit fût passée. Je vous assure que c’est la derniere fois, comme la premiere, que j’assisterai aux divertissemens de cette nature. Mais il faut prendre une idée des Masquarades. Attendez-en toutes les circonstances dans ma premiere lettre. Je me représente votre impatience. Donnez comme moi, chere Lucie, quelque chose à votre imagination ; & marquez-moi quelquefois ce que vous pensez des choses, avant qu’elles arrivent. Que de jolies conquêtes ne vous imaginez-vous pas que votre Henriette va faire, sous un si bel habit ?