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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/176

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Histoire

Adorable Cousine ! Je vous revois, dans des mains dignes de vous. Hà ! Je ne puis vous dire tout ce que nous avons souffert.

Non, m’a-t-elle répondu : ne me dites pas ce que je crois comprendre. Mais, Monsieur, savez-vous que je suis tombée dans un lieu céleste ? Miss Grandisson l’a interrompue, pour lui reprocher de l’excès dans sa reconnoissance ; & se baissant vers moi, elle m’a prié de me souvenir que le médecin demandoit du repos.

Si Miss Grandisson traite sa reconnoissance d’excessive, nous, cher M. Selby, qui savons combien le cœur de notre incomparable fille est sensible aux obligations les plus simples, nous concevons quel doit être en effet l’excès de ses sentimens pour le généreux Frere qui l’a délivrée, pour la Sœur dont elle reçoit des soins si tendres, pour deux Étrangers à qui elle croit devoir l’honneur & la vie ! Cette idée seule étoit capable de me lier la langue, dans la crainte de lui causer trop d’émotion. Cependant malgré l’avis que je venois de recevoir, je n’ai pu résister au mouvement qui s’est élevé tout d’un coup dans mon esprit. Je ne ferai qu’une seule question à ma chere Cousine, ai-je dit avec assez d’embarras : la violence de cet Infâme auroit-elle été… Je voulois dire, dans une autre vue que le mariage : mais Miss Grandisson m’a coupé la voix. Vous ne ferez pas une question, m’a-t-elle dit, qui puisse faire revivre des souvenirs