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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/187

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du Chev. Grandisson.

la perdre de vue, pour observer ce qu’étoient devenus mes gens. J’ai su d’eux qu’en allant vers les trois hommes de Sir Hargrave, ils avoient présenté le bout de leurs pistolets. Ces trois Misérables se mirent d’abord en défense ; mais effrayés apparemment par leurs remords, ils prirent aussi-tôt la fuite. Mes gens les poursuivirent l’espace de deux ou trois cens pas, & revenoient à mon secours, lorsque je quittai Miss Byron pour les rappeller.

Je vis, à quelque distance, Sir Hargrave soutenu par son Cocher, & s’appuyant sur lui de tout son poids, avec beaucoup de difficulté à remonter dans sa berline. Je donnai ordre à un de mes gens de lui dire qui j’étois. Il ne répondit que par des malédictions, & par des menaces d’une furieuse vengeance. Mais ses emportemens étoient encore plus horribles contre ses gens, qu’il traitoit de Lâches & de Traîtres.

Je remontai alors dans ma voiture. Miss Byron s’étoit laissée tomber au fond, où je la trouvai presqu’évanouie, & pouvant à peine ouvrir la bouche, pour répéter, sauvez-moi, sauvez-moi. Je la rassurai, je la levai sur le siége ; & je me hâtai de l’amener à ma Sœur, qui a raconté sans doute à M. Reves, tout ce qui est arrivé depuis.

Ma reconnoissance alloit se répandre en éloges & en remercimens : mais Sir Charles n’a pas manqué de m’interrompre, pour arrêter cette effusion. Vous voyez, Monsieur,