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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/229

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du Chev. Grandisson.

tout le poids de son corps, pour m’ôter le mouvement des mains ; & lorsqu’il m’eut garottée à son gré, il me les prit toutes deux dans sa main gauche, tandis que de la droite, qu’il me passa autour de la ceinture, il me tint ferme sur le Siége. Ainsi, à la réserve d’un peu d’ouverture, dont j’étois quelquefois redevable aux mouvemens de ma tête, j’avois la vue tout-à-fait bouchée.

Mais dans un autre Village, sur la route, où le bruit que je crus entendre me fit pousser des cris & faire un nouvel effort pour dégager mes mains, la voiture s’arrêta, & j’entendis clairement plusieurs voix autour de nous. Quelle espérance n’en conçus-je point ! Mais hélas ! elle dura peu. Un de ses gens, je crois que ce fut Wilson, répondit pour tous les autres, que c’étoit leur Maître qui ramenoit sa femme de Londres, d’où il avoit eu beaucoup de peine à la tirer de certaines intrigues. C’est le meilleur de tous les Maris, ajouta le vil Imposteur ; comme notre Maîtresse, pour l’avouer librement, est la plus méchante de toutes les Femmes. Je poussai encore un cri. Oui, oui, dit un des Étrangers, crie tant qu’il te plaira, si tu es si méchante. C’est ton pauvre Mari qu’il faut plaindre. Et le Carosse se remit en marche aussitôt. Mon cruel Geolier fit un éclat de rire, en me serrant par le milieu du corps. Entendez-vous de qui l’on parle ? me dit-il : c’est de vous, ma chere. Vous êtes la méchante femme. Il se remit à rire ; &