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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/245

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du Chev. Grandisson.

elle a le teint clair & délicat. Ses traits sont généralement réguliers ; & son nez, qui est un peu aquilin, leur donne une sorte de majesté. Ses dents sont fort blanches & fort égales. Je n’ai rien vu de si aimable que sa bouche. Un air de modestie & de réserve, qui accompagne le plus charmant sourire, inspire tout à la fois le respect & l’amour : lorsqu’elle commence à parler, toute sa contenance est remplie de graces.

Elle dit elle-même qu’avant le retour de son Frere, on la croyoit fiere, hautaine, & malicieuse ; mais j’ai peine à l’en croire : il me paroît impossible que dans l’espace d’un an, qui est à peu près le tems depuis lequel Sir Charles est revenu en Angleterre, on puisse se défaire assez parfaitement d’une mauvaise habitude, pour n’en conserver aucune trace.

Elle est d’une vivacité charmante. Je juge qu’elle a la voix belle, sur les airs qu’on lui entend fredonner, à chaque pas qu’elle fait du matin au soir. Il ne manque rien à sa politesse ; cependant si on lui en connoissoit moins, une veine de raillerie, qui lui est comme naturelle, pourroit faire craindre pour le repos de ceux qui vivent avec elle. Mais je suis sûre qu’elle est franche, ouverte, d’une humeur agréable, & l’art qu’elle a, de faire tourner tout le mérite qu’on lui attribue à l’honneur de son Frere, doit faire juger qu’elle n’est pas moins humble & moins modeste. Il n’y a pas long-tems, si