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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/248

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Histoire

Je vous rends graces de l’avis, ma chere ; mais il ne me sera d’aucune utilité. Ma plume suivra les inspirations de mon cœur ; & s’il est aussi honnête pour moi, que j’ose dire qu’il l’est pour tout le monde, je n’ai rien à craindre, ni de votre pénétration, ni de celle de mon Oncle Selby, qui est encore plus redoutable.

Si vous voulez connoître le Chevalier Grandisson du côté de la figure, c’est réellement un très-bel homme. Sa taille est au-dessus de la médiocre, & d’une parfaite proportion. Son visage forme un bel ovale, qui offre toutes les apparences d’une santé florissante, & confirmée par l’exercice. Il auroit eu naturellement le teint trop délicat pour un homme ; mais on s’apperçoit qu’il l’a peu ménagé, & qu’il se sent d’un air plus chaud que celui du Nord. Aussi ne s’est-il pas contenté de faire le tour de l’Europe. Il a visité quelques parties de l’Asie & de l’Afrique, particulièrement l’Égypte.

Je ne sais de quel besoin il est pour un homme d’avoir les dents & la bouche aussi belles, que le Chevalier Grandisson pourroit s’en vanter, s’il étoit capable de cette vanité.

Il a dans l’aspect quelque chose de grand & de noble, qui annonce un homme de distinction. Si la bonne mine étoit un titre pour le Trône, Sir Charles Grandisson auroit peu de Concurrens. Ses yeux… en vérité, ma chere Lucie, on voit briller, s’il est possible, plus de noblesse & d’esprit