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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/253

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du Chev. Grandisson.

honte, à laquelle Sir Charles est si supérieur ?

Mais je crois avoir quelque chose à blâmer, dans le caractere d’un homme que sa Sœur croit presque sans défaut. C’est d’après elle même que j’ai fait cette remarque. Un jour qu’elle faisoit gloire d’avoir le cœur fort ouvert, elle me dit qu’elle regrettoit néanmoins de ne s’être pas mieux observée, dans une occasion où son Frere avoit reçu froidement ses ouvertures. Elle ajouta que sans aucune apparence de curiosité, il avoit l’art de tirer du cœur d’autrui ce qu’on pensoit le moins à lui communiquer ; & qu’elle s’étoit ainsi comme enferrée d’elle-même, séduite insensiblement par un air de complaisance, & par un sourire flatteur, avec lequel il sembloit prendre plaisir à l’entendre : que dans le petit chagrin, de s’être surprise elle-même au milieu d’un récit qu’elle n’avoit pas eu la moindre intention de commencer, elle avoit voulu essayer à son tour de l’engager finement à s’ouvrir sur quelques points qu’il paroissoit lui cacher ; mais qu’après y avoir employé toute son adresse, elle avoit désespéré d’y réussir.

Bon Dieu ! m’écriai-je, en regardant Miss Grandisson ; où suis-je ? Et je m’arrêtai aussi-tôt, pour chercher dans ma mémoire s’il ne m’étoit rien échappé d’indiscret avec son Frere.

Au fond, ma chere, cette réserve pour une Sœur telle que la sienne, & sur des