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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/284

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Histoire

penser qu’il y eût un honnête homme au monde qui n’eût pas agi comme lui dans la même occasion ; qu’il auroit souhaité, sans doute, qu’on lui eût rendu le même service pour ses Sœurs ; qu’il croyoit s’être conduit avec assez de modération, & qu’en se rappellant les circonstances il n’avoit rien à se reprocher. Ne vous allarmez point des suites, a-t-il ajouté ; il n’en arrivera point, si je ne me trouve dans la nécessité de me défendre. Miss Grandisson n’a pas laissé de lui demander d’un air pressant, s’il y avoit quelque chose à craindre de l’avis de Wilson ? Il a répondu qu’il n’étoit pas surprenant qu’un homme du caractere de Sir Hargrave s’emportât en menaces ; que la perte de ses espérances, & si proche du succès, devoit l’avoir mortifié ; mais qu’il falloit compter pour rien le langage du chagrin, & que les vrais Braves ne menaçoient point.

M. Reves lui a demandé un moment d’entretien particulier. Ils sont passés tous deux dans le cabinet ; & M. Reves lui a présenté la Lettre de Bagenhall. Il l’a lue. Cette Lettre est fort extraordinaire, a-t-il dit en la remettant à M. Reves ; mais qu’en a pensé Miss Byron ? La croyez-vous disposée à ce qu’on exige d’elle ? Vous pouvez juger, a répondu M. Reves, qu’elle est dans un mortel embarras. Je juge, a repris Sir Charles, qu’une jeune personne de si bon naturel, qui releve déja trop le service que je lui ai rendu, peut avoir lu cette