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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/329

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du Chev. Grandisson.

mais ce n’est pas un sourire vague & puéril ; on y remarque des distinctions & de l’intelligence. Au fond elle parle peu ; l’on ne dit rien qu’elle n’écoute avec attention, d’où je conclus qu’elle a beaucoup de prudence pour son âge.

Je croyois avoir épuisé l’article des hommes ; mais il me reste quelque chose à dire de M. Grandisson, que je n’ai fait que nommer, quoiqu’à ses propres yeux, il ne fût pas assurément le dernier de nos convives. C’est un homme de taille moyenne, qui n’a rien de beau pour moi, mais qui approche assez du bel homme pour mériter qu’on lui pardonne d’avoir cette opinion de lui, sur-tout, lorsque suivant le témoignage de ses propres amis, il est sujet à des erreurs d’un autre ordre. Il se met fort proprement. Il se donne pour un des Inventeurs de nos nouvelles modes, mais on lui accorde du moins d’être un des premiers à les suivre. Il ne manque point une Assemblée, ni un Spectacle. C’est lui qui regle le goût du Théatre. Il danse, il chante, il rit d’assez bonne grace, trois qualités dont il convient qu’il fait gloire : cependant ce n’est pas le bon sens qui lui manque, mais il y a peu d’apparence qu’il pense jamais à le cultiver, puisqu’il paroît embarrassé, lorsqu’il arrive à Sir Charles de lui reprocher quelque légéreté, ne fût-ce que d’un coup d’œil. Il rougit alors ; il prend un air contraint ; ses yeux & le mouvement de ses