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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/346

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Histoire

ce nom ne m’est pas inconnu. Ne me trouvez-vous pas bien libre, Sir Hargrave, de m’être invité moi-même à déjeûner avec vous ?

Sir Harg. Oui, pard… & ce n’est pas la premiere liberté que vous ayez prise avec moi. Êtes-vous accompagné de quelqu’un, Monsieur ? Vous pouvez le faire entrer.

Sir Ch. Je n’ai personne, Monsieur.

Sir Harg. Ces trois messieurs sont mes Amis. Ils sont gens d’honneur.

Sir Ch. Je les crois tels. J’ai cette opinion de tout le monde, jusqu’à ce qu’on me donne raison de penser autrement.

Sir Harg. Mais ne vous figurez pas qu’ils soient ici pour vous intimider.

Sir Ch. M’intimider, Sir Hargrave ! On ne m’intimide point aisément. Ces messieurs, dites-vous, sont vos Amis ; je viens dans la vue d’augmenter, & non de diminuer, le nombre de vos Amis.

Sir Harg. Qu’entends-je ? Quoi ! celui qui m’a dérobé le seul bien que j’estimois au monde ! Celui qui, par les cruels avantages qu’il a pris sur moi, m’a ravi une femme avec laquelle je serois heureux aujourd’hui, & qui me refuse néanmoins la satisfaction qui convient, Monsieur, entre gens d’honneur ? Mais j’espere que vous êtes venu…

Sir Ch. Pour déjeûner avec vous, Sir Hargrave. Ne vous échauffez point. Je suis résolu de ne pas me piquer mal-à-pro-