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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/375

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du Chev. Grandisson.

nature. Je serois coupable, si je vous écrivois séparément ; & je n’ai rien dans le cœur, que je ne sois prête… j’allois dire, que j’aie honte de publier ; mais je crois en avoir quelquefois un peu de tout ce que je vous écris. Ah ! chere Lucie, ne me dites pas qu’elle est juste.

La conversation est tombée sur Sir Charles, que Mylady D… ne connoît que de réputation, & dont elle désire passionnément l’amitié ; sans intérêt, a-t-elle dit, puisqu’elle n’a point de fille. Ensuite, s’étant rappellé apparemment quelques mots, par lesquels je m’étois efforcée de lui expliquer mes véritables dispositions, elle m’a dit à l’oreille ; j’espere néanmoins, chere miss, que vous n’êtes pas déclarée contre mes desirs. Vous ne me répondez pas. Savez-vous que les mères n’aiment pas l’incertitude ? Vous ne connoissez pas mon impatience. Je lui ai répondu qu’il m’en coutoit beaucoup, pour m’éloigner d’une proposition qui m’auroit liée plus étroitement avec elle. Eh quoi, ma chere, a-t-elle repris ; c’est la qualité de fille qui vous inspire cette réserve ? Vous êtes supérieure à ces affectations. Songez que nous traitons entre femmes, & d’une fille à sa mere. Vous êtes au-dessus des vaines formalités.

Elle s’est tournée tout d’un coup vers la compagnie. Rien ne m’est ici suspect, a-t-elle continué. Quelqu’un de vous sait-il que le cœur de Miss Byron soit engagé ?