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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/378

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Histoire

dans cette malice. Ma tête, ai-je répondu affectueusement, s’est beaucoup ressentie de la violence de Sir Hargrave, & de l’appréhension des funestes effets qui pouvoient suivre la généreuse protection que j’ai reçue. J’étois déja fatiguée par la persécution de quelques honnêtes gens, tels que M. Orme & Sir Roland Meredith ; & par celle de M. Greville & de M. Fenwick, dont je n’ai pas si bonne opinion. Lorsque j’aurois souhaité de trouver un peu de loisir pour respirer, & pour recueillir mes esprits dissipés, je me vois faire de nouvelles propositions, à moi, à mes Amis, & par une personne d’un mérite si distingué : vous ne devez pas être étonnées, Mesdames, qu’il ne me soit pas facile de vous donner tout d’un coup des raisons de mon refus, quoiqu’elles viennent réellement du fond du cœur.

Elles ont vu que leur badinage commençoit à m’affliger ; la bonté de leur naturel les a fait passer à d’autres sujets, & lorsqu’elles m’ont quittée, avec leurs caresses ordinaires, elles ont paru emporter beaucoup de satisfaction de leur visite.

En réfléchissant sur tout ce qui m’arrive, il me semble, mes chers Amis, qu’il est tems de vous faire voir plus clair dans ma situation, afin que vous puissiez m’aider de vos instructions & de vos conseils ; car je vous proteste que je suis dans une espece de désert. De grace, chere Lucie, apprenez-moi… Mais ce ne peut être de l’amour !