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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/385

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du Chev. Grandisson.

nous avouer qu’ils étoient amenés par l’espérance de me voir, ni de me demander en grace un quart-d’heure pour eux & pour lui. J’étois déterminée à me retirer. Mais avec la même hardiesse, il a donné ordre au Laquais de les introduire, & M. Reves ne s’y étant point opposé, ils sont entrés presqu’aussi-tôt.

Ces deux Étrangers se sont présentés fort civilement, & toute leur conduite s’est soutenue avec la même décence. Comme ils venoient dans la résolution de m’applaudir, ils n’ont pas voulu que leur attente fût trompée. Mais on ne peut rien ajouter à l’éloge qu’ils ont fait tous deux de Sir Charles Grandisson ; & je ne dissimule point que le sujet m’a rendu leur compagnie plus supportable. Il me semble qu’une profusion de louanges doit embarrasser l’ame la plus vaine, mais c’est un des plus doux plaisirs du monde d’entendre louer publiquement, dans leur absence, ceux pour lesquels on est prévenu d’une forte estime, sur-tout lorsqu’on leur a des obligations dont on peut faire l’aveu sans honte. Ce qui m’a plu beaucoup dans M. Bagenhall, c’est de lui avoir entendu dire, du ton le plus sérieux, que la conduite de Sir Charles, qu’il a nommée plus d’une fois noble & divine, avoit fait tant d’impression, non-seulement sur lui, mais sur M. Merceda, qu’ils étoient résolus tous deux de changer de vie, quoiqu’ils aient été fort éloignés,