Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/390

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
Histoire

dans votre cœur, une disposition à quereller, si vous n’aviez appréhendé de vous exposer trop, ou du moins à congédier brusquement tous ceux qui venoient vous interrompre, quoique vous n’eussiez rien d’important qui pût occuper vos pensées ou vos doigts ? Dans ces derniers tems, ma chere, je me suis vue fort souvent troublée par cette bizarre sensation. Mais, en vérité, mon tempérament est tout-à-fait changé. Je crains de devenir chagrine, sombre & perverse. Ô le méchant Sir Hargrave !

Revenons à la charmante ouverture de Mylady. Une Dame, a continué Madame Reves, que Sir Charles aime apparemment. Non, a repris Mylady L… ; une Dame qui aime Sir Charles, mais, par ménagement pour elle, je n’ajouterai point… Cependant s’il est pardonnable à quelque femme d’aimer sans aucune certitude d’être aimée, c’est à celle qui prendroit de l’amour pour mon Frere.

Et Sir Charles, n’ai-je pu m’empêcher d’interrompre, est-il incapable de retour ? Madame Reves m’a dit le soir qu’elle avoit vu trembler mes levres ; je ne m’en suis point apperçue, & je n’ai senti aucun tremblement de cœur. Cependant il me semble que les levres ne sauroient trembler, sans que le cœur soit affecté.

Mylady L… s’est fort étendue sur les grandes occupations de son Frere, qui lui laissent peu de tems à donner au plaisir ; &