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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/398

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Histoire

vos principes ; c’est que vous n’avez pas cru devoir écouter ceux pour lesquels vous n’avez pas senti que vous puissiez jamais prendre l’affection qu’une honnête femme doit indispensablement à son Mari. Ensuite, lorsque vous avez rencontré l’homme qui méritoit votre amour, qui vous a puissamment défendue contre un odieux & lâche attentat, qui se trouve le meilleur des Freres, des Amis, des Maîtres, le plus brave & le plus vertueux des hommes : est-il surprenant qu’un cœur, jusqu’à présent invincible, laisse voir de la sensibilité, & reconnoisse un cœur qui lui ressemble ? Quelle raison auriez-vous d’en rougir ? Et pourquoi ma chere Henriette feroit-elle tomber le rideau entre elle & des Amis dont les goûts s’accordent avec les siens ? Vous voyez, ma chere Fille, que l’incertitude où nous sommes ne nous empêche point de parler avec admiration d’un homme à qui tout le monde rend la même justice. Nous sommes au-dessus des petits détours, & vous n’avez pas besoin d’être menée par une si misérable politique. Votre éducation, ma chere, ne vous a pas formée à l’artifice. Les déguisemens n’ont jamais été si mal à personne qu’à vous. Un Enfant, en amour, vous devineroit dans la plupart de vos dernieres Lettres. Mais soit que votre inclination soit heureuse, ou qu’elle manque de succès, que votre gloire soit de l’avoir placée dans un objet auquel il ne manque rien du côté des sentimens, des