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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/62

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J’ai fait des plaintes, à M. Reves, de l’excessive prévention qui paroît visiblement dans le portrait qu’il a fait de moi. Surement, lui ai-je dit, vous n’avez pas promis vos bons offices à M. Fouler ; car en supposant que je mérite une partie de vos éloges, n’auriez-vous pas dû, pour son propre intérêt, consulter un peu mes dispositions, avant que de me représenter sous un jour si capable d’échauffer les siennes ? Si nous étions dans un siecle où les hommes fussent moins aguerris contre l’amour, vous l’exposeriez à des peines fort vives ; & moi, qui ne me sens pas disposée au moindre retour pour ses sentimens, vous me mettriez dans le cas de lui devoir de la pitié, lorsque je ne pourrois lui rien accorder de plus. M. Reves m’a répondu que le langage qu’il avoit tenu à M. Fouler, il le tiendroit à l’Univers entier ; qu’au reste, il ne plaindroit pas trop un Amant pour lequel je commencerois à sentir de la pitié, parce qu’elle prépare le cœur à l’amour, & que lui-même en avoit fait l’expérience avec sa femme, dont il avoit été follement amoureux ; enfin, qu’il ne pouvoit me dissimuler que M. Fouler étoit son ami.

Ainsi, ma chere, ce M. Fouler paroît assez persuadé qu’il a trouvé une femme qui lui convient ; mais je doute que votre Henriette ait rencontré l’homme dont elle juge à propos de faire son Mari.