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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/91

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du Chev. Grandisson.

tront en état de reconnoître les bonnes qualités & le jugement de mon Neveu. Vous serez convaincue par sa propre bouche, par son cœur, par son ame, dois-je dire, de l’amour qu’il a pour vous. Ce n’est point à lui que le tems est nécessaire. Le pauvre jeune homme est fixé, à jamais fixé. Mais, chere miss, au nom du Ciel ! Dites que vous prendrez une semaine, quelques jours pour réfléchir à ce que vous pouvez, à ce que vous voulez répondre. C’est tout ce que je demande aujourd’hui, Mademoiselle, ou plutôt tout ce que je puis vous accorder moi-même.

Sir Roland, ai-je repris, je ne puis douter que dans quelques jours, dans une semaine, mes dispositions ne soient telles qu’aujourd’hui. Il m’a interrompue par des exclamations, par des plaintes & des reproches fort tendres, qu’il adressoit tantôt à moi, tantôt à M. & Madame Reves. Enfin, m’ayant à peine laissé le tems de répéter que c’étoit une chose impossible, & que par estime pour son Neveu, qui me paroissoit en mériter beaucoup, je lui conseillois de l’engager absolument de changer de vues, parce que je n’aimois point à faire le tourment d’un cœur honnête ; ses sentimens pour moi se sont échauffés sur cette expression, il s’est laissé emporter par ses regrets, par son admiration & sa tendresse, jusqu’à prendre le Ciel à témoin que si je voulois être sa Niece, & lui accorder seulement le plaisir de me voir une