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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/119

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du Chev. Grandisson.

une forte impression sur son cœur, & donnerent à leur Niéce des leçons qui répondoient à cette espérance. Mais au lieu d’éprouver le pouvoir de ses charmes, il employa le tems à tirer d’elle plusieurs aveux, qui lui firent connoître toute la bassesse de cette famille. En reparoissant avec la jeune fille, qu’il conduisoit par la main, il fit à sa Mere des reproches si vifs, du rolle qu’elle étoit venue jouer dans cette infâme entreprise, qu’elle tomba évanouie à ses pieds. Les Tantes furent épouvantées. Leur Niéce pleura, & promit au Ciel de s’assujettir aux loix de l’honneur.

Sir Charles leur proposa de lui rendre les deux Lettres de son Pere, & d’ensevelir cette affaire dans un éternel oubli, en promettant, à ces conditions, de donner mille Guinées à Miss Orban, lorsqu’elle trouveroit l’occasion de s’établir par un mariage honnête. Filmer vouloit se purger de la part qu’il avoit eue aux plus noires circonstances du complot ; mais Sir Charles, qui ne cherchoit point à le déshonorer, lui déclara qu’il l’abandonnoit à sa conscience. Les objections qu’il avoit trouvées contre ses comptes, ne pouvant être éclaircies qu’en Irlande, il en fit le voyage avec lui ; & là, s’étant satisfait par ses propres yeux, il le congédia de son service, avec plus de noblesse & de bonté qu’il n’en devoit à tant de preuves d’injustice & de corruption.

À son retour, il apprit que Miss Orban